[HUGO] HUGO, Adèle (fille) (1830-1915)
Copie autographe d’une lettre de Victor Hugo, de la main de sa fille Adèle, à Émile Allix
Hauteville-House, 29 7bre [septembre] 1861, 1 p. 1/4 in-8°
« Je suis dans le cas de dormir douze heures pour reprendre le temps que je n’ai pas dormi sur mer la nuit passée »
Fiche descriptive
[HUGO] HUGO, Adèle (fille) (1830-1915)
Copie autographe d’une lettre de Victor Hugo, de la main de sa fille Adèle, à Émile Allix
Hauteville-House, 29 7bre [septembre] 1861, 1 p. 1/4 in-8°
Petites tache, brunissures
Copie d’une lettre de Victor Hugo, rédigée de la main de sa seconde fille Adèle
Par une demande solennelle à Fabre Geffrard, l’écrivain tâche de d’obtenir un poste clef dans un hôpital d’Haïti pour le médecin ami de la famille Hugo : Émile Allix
Cette copie de lettre est adressée de ce dernier, comme l’atteste le petit mot écrit à son attention au verso du document
« Monsieur le Président,
Permettez-moi d’appeler votre haute et bienveillante attention sur le désir qu’aurait M. le docteur Émile Allix de se fixer à Haïti. M. Émile Allix quoique très jeune encore [il n’avait que 25 ans en 1861], s’est déjà fait un nom dans les deux hospices de Bruxelles, enfance et vieillesse qu’il a desservi pendant plusieurs années, il y a eu des succès très remarqués, notamment dans la grave et difficile opération de la trachéotomie et il compte aujourd’hui parmi nos jeunes médecins les plus distingués. S’il se pouvait qu’il fût placé par vous, Monsieur le Président, à la tête d’un des hôpitaux ou hospices d’Haïti, il y rendrait de véritables services, et je suis convaincu qu’avant peu vous me remercierez de vous l’avoir recommandé, comme je vous remercie aujourd’hui de vouloir bien écouter ma recommandation.
Voyez, je vous prie, Monsieur le président, dans cette recommandation même, une preuve de l’intérêt profond et fraternel que m’inspirent votre généreux peuple et votre jeune république. Avoir délivré un peuple et rétabli cette république en sera là un grand honneur dans l’histoire ; c’est à vous, Général, que cet honneur revient.
Recevez, Monsieur le Président,
L’assurance de ma haute considération,
Victor Hugo [Adèle Hugo fille] »
[Au verso du feuillet, Adèle rajoute un mot à l’attention d’Émile Allix :]
« Mon vieux que n’es-tu ici ! Que de choses j’aurais à te dire si je m’étais écouté ! Je te dis bonsoir, et je me souhaite une bonne nuit qui va [m’] emmener dès que j’aurai la tête sur l’oreiller. Je suis dans le cas de dormir douze heures pour reprendre le temps que je n’ai pas dormi sur mer la nuit passée.
Ton ami de tout cœur
Ch. [compagnon d’honneur] V. »
Brillant médecin spécialisé en pédiatrie, Émile Allix est un intime et médecin personnel de Victor Hugo, ainsi que de sa famille. Il est un des rares proches que Victor Hugo tutoyait dans ses lettres. C’est lui qui, en 1868, assiste Adèle Hugo (mère) dans ses derniers instants.
Le poste sollicité ici par Victor Hugo n’a pas abouti. Allix, après avoir occupé un poste à Bruxelles, revient à Paris en vue d’y poursuivre son activité de médecin. Son diplôme belge n’étant pas reconnu en France, il passe, pendant l’année universitaire 1866-1867, les examens qui lui permettent d’obtenir le diplôme de docteur en médecine de la Faculté de médecine de Paris.
Comme l’atteste le petit mot amical au verso de la lettre, Victor Hugo, tout juste revenu d’un périple en mer, avait repris cette année-là ses habitudes de voyage annuels avec Juliette Drouot. Ces séjours sont des moments de création intense pour Victor Hugo, aussi bien pour ses romans et ses poèmes que pour ses dessins
Adèle Hugo est la cinquième enfant et la seconde fille de Victor Hugo et Adèle Foucher (appelée aussi Adèle Hugo). Elle est la seule qui survécut à son illustre père, mais dont l’état mental, très tôt défaillant, lui valut, à partir de 1872, de longues années d’internement en maison de santé.
Précieux témoignage, au cœur de l’intimité de la famille Hugo