[RIVIÈRE] CLAUDEL, Paul (1868-1955)
Manuscrit autographe signé « Paul Claudel »
Château de Lutaines, juin 1925, 17 p. 1/2 in-4°
« Rivière est la meilleure illustration de cette Providence dont il n’a cessé de sentir la main sur lui »
Fiche descriptive
[RIVIÈRE] CLAUDEL, Paul (1868-1955)
Manuscrit autographe signé « Paul Claudel »
Château de Lutaines, juin 1925, 17 p. 1/2 in-4°
Quelques toutes petites taches superficielles
Manuscrit complet de sa préface pour le roman de Jacques Rivière : À la trace de Dieu
À la trace de Dieu est tiré du journal de captivité de Jacques Rivière. Paul Claudel en souligne l’idée directrice : Dieu est « un fait, une personne, une réalité en quelque sorte extérieure et concrète, se présentant à nous, s’imposant à nous avec l’autorité, le mystère, le sans gêne, l’apparence illogique et pour nous presque scandaleuse des êtres et des phénomènes naturels ». Ce qui attire Rivière dans la foi chrétienne, c’est « son homogénéité avec le réel ». Claudel met en avant les théories de Rivière sur la Providence, avec laquelle l’homme collabore, et la prière qui est « l’épanouissement suprême de notre liberté ». Il évoque une étude de Rivière, Le Catholicisme et la Société, dans laquelle il fait remarquer que l’Église catholique a toujours eu « des difficultés avec toutes les formes de la Société et de l’État, même de celles qui lui paraissaient lui emprunter leurs principes constitutifs ». Mais il est « inexact de dire qu’il y a dans le Christianisme un principe anti-social. On devrait dire plutôt qu’il contient un principe architectural si énergique et si vaste qu’aucune société actuelle n’est capable de le contenir ». Il y a cependant un point sur lequel Claudel n’est pas d’accord avec Rivière, c’est lorsque celui-ci montre chez les chrétiens « une résignation, une soumission, une indifférence à leur droit, que l’Histoire de nous montre précisément pas. Il n’y a pas de professeur au bout de la rue Soufflot qui ne soit en état de lui démontrer au contraire combien la théologie a aiguisé et délié le sens juridique ». Il pense que la vie de Rivière « est la meilleure illustration de cette Providence dont il n’a cessé de sentir la main sur lui ». Il évoque sa conversation, le jour de Noël 1913, sa captivité, les dernières années de sa vie, jusqu’à « la convocation individuelle du 14 février 1925 ». Il conclu par ces mots : « Mon Dieu, je vous remercie pour tant de joie ! »
Paul Claudel, qui a beaucoup correspondu avec Jacques Rivière au début de sa vie littéraire, parle avec émotion d’un livre qu’il a été le premier à découvrir et qui retrace le cheminement spirituel de son auteur.
A la trace de Dieu, journal de captivité, fut publié par la NRF en 1925, peu de temps après la mort de Jacques Rivière qui y avait retranscrit son expérience de prisonnier de guerre pendant la guerre de 14-18, et partagé sa philosophie de chrétien.
Bibliographie :
À la trace de Dieu, Jacques Rivière, Gallimard, 1925
Provenance :
Vente Sotheby’s, 24 novembre 2010, Paris, n°76