GRACQ, Julien (1910-2007)

Lettre autographe signée « Julien Gracq » à Thierry Maulnier
Caen, 4 novembre [1945], 1 p. in-8° à l’encre violette sur papier ligné

« J’apprends par une coupure de presse… que tu n’as pas reçu Un Beau ténébreux »

EUR 950,-
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Fiche descriptive

GRACQ, Julien (1910-2007)

Lettre autographe signée « Julien Gracq » à Thierry Maulnier
Caen, 4 novembre [1945], 1 p. in-8° à l’encre violette sur papier ligné
Pliure centrale

Dans un style familier, l’écrivain s’excuse auprès de Maulnier qui, six mois après la parution du Beau ténébreux, n’a pas encore reçu son exemplaire


« Cher archicube [surnom donné à Thierry Maulnier],
J’apprends par une coupure de presse (Concorde, de Lyon, [journal lyonnais publié entre 1944 et 1947] je crois) que tu n’as pas reçu “Un Beau ténébreux”. J’en suis contrarié, car tu étais un des premiers à qui j’avais prié Corti d’adresser le livre, paru il y a 6 mois. C’était la moindre des politesses, car je n’oubliais pas ton accueil sympathique de 1939. Le livre s’adressait en outre, permet-moi de te le dire sans flatterie, à un des rares critiques qui compte pour moi. Je te prie donc d’excuser cette négligence. Si tu n’as pas trouvé le livre, veux-tu avoir l’obligeance de me mettre une carte avec ton adresse exacte : j’aurai plaisir à te l’adresser et ce ne sera pas, crois le bien, pour te “taper” d’une lettre ou d’un article : le livre est d’ailleurs épuisé depuis un moment et ce genre de publicité ne m’obsède pas.
Je ne te l’envoie pas directement car je n’ai plus que très peu d’exemplaires et je ne voudrais pas en égarer. Excuse donc cette négligence de Corti : mais je ne voulais pas que tu croies de ma part à un oublie qui aurait été une vraie impolitesse. 
Bien sympathiquement
Julien Gracq

[Il rajoute son adresse :]
adresse : L. Poirier
assistant à la fac des lettres
14 place St Martin Caen

[Puis en post-scriptum :]
Je dois te remercier à propos de cet article, de n’avoir pas oublié “Angel”. Puis que tu parles de Butor avec une estime justifiée, il ne te sera sans doute pas indifférent de savoir qu’il jugeait l’introduction à la poésie française “sensationnelle”, comme il dit. »


Paru au printemps 1945, Le Beau ténébreux est le deuxième roman de Gracq publié aux éditions José Corti, auxquelles l’écrivain restera fidèle tout au long de sa carrière littéraire. Il écrit son roman en deux temps : une première partie est rédigée en Silésie, durant la captivité de Gracq, tandis que la seconde est écrite en même temps que les poèmes de Liberté grande en 1942. L’ouvrage développe, sous la forme de longs dialogues, une réflexion sur la littérature qui sera poursuivie dans ses grands textes théoriques ultérieurs. Si le roman reçoit des critiques mitigées dans les revues spécialisées, son succès auprès des lecteurs est bien réel. Proposé au Prix Renaudot, Un Beau ténébreux obtient trois voix, permettant d’attirer l’attention sur Le Château d’Argol paru sept and plus tôt et réédité en 1945.

Provenance :
Archives Thierry Maulnier