[PROUST] DAUDET, Alphonse (1840-1897)

[PROUST] DAUDET, Alphonse (1840-1897)

Carte de visite autographe signée « A.D. » [à Gaston Calmette]
S.l.n.d. [Paris, soirée du 6 février 1897], 1 p. in-24° à la plume biseautée
Adresse imprimée : 31, Rue de Bellechasse
Très légères décharges d’encre

Témoignage inédit sur le duel Proust-Lorrain

« Mon cher ami,
Vous m’obligeriez en donnant en bonne place le procès-verbal de la rencontre Marcel Proust et Lorrain.
Votre A.D. »

Déjà l’auteur d’un premier compte rendu ironique sur Les Plaisirs et les Jours en juillet 1896, Jean Lorrain récidive le 3 février 1897 dans Le Journal tout en visant les Daudet : « soyez sûrs que, pour son prochain volume, M. Marcel Proust obtiendra sa préface de M. Alphonse Daudet, de l’intransigeant M. Alphonse Daudet, lui-même, qui ne pourra la refuser, cette préface, ni à Mme Lemaire ni à son fils Lucien ».
C’en est trop pour Proust, qui provoque Lorrain en duel. L’évènement prend place dans l’après-midi du 6 février 1897, sous la pluie, à la Tour de Villebon, dans la forêt de Meudon. Le duel fait couler plus d’encre que de sang : « Je n’ai pas été touché, rapporte Proust à Lucien Daudet, ni Lorrain non plus bien que ma balle ait tombé [sic] presqu’à son pied droit » (Lettres à Lucien Daudet, p. 130). Il n’en demeure pas moins que cette épreuve du feu est pour Proust l’acte héroïque de sa vie.
Alphonse Daudet écrit-il ce court message à son ami Gaston Calmette à la demande de son fils Lucien ? On pourrait le supposer. Toujours est-il que le directeur du Figaro respecte la volonté de son ami et fait publier un compte-rendu en première page du journal dès le lendemain :
« Une rencontre au pistolet a eu lieu hier, dans les environs de Paris, entre MM. Marcel Proust et Jean Lorrain, à la suite d’un article publié par ce dernier sous la signature Raitif de la Bretonne.
Deux balles ont été échangées sans résultat. Les témoins de M. Marcel Proust étaient MM. Gustave de Borda et Jean Béraud ; ceux de M. Jean Lorrain, MM. Octave Uzanne et Paul Adam. »