SUARÈS, André (1868-1948)

Lettre autographe signée « André Suarès » [à Thierry Maulnier]
La Varenne, 14 mai [19]45, 2 p. in-8°

« Je sors de l’Enfer, où j’ai été suspendu pendant cinq ans »

EUR 600,-
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Fiche descriptive

SUARÈS, André (1868-1948)

Lettre autographe signée « André Suarès » [à Thierry Maulnier]
La Varenne, 14 mai [19]45, 2 p. in-8°
Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli d’origine

Entre élans mystiques et désir de vengeance, Suarès livre ses exigences pour la prochaine publication des Cahiers de La Table ronde


« Faites-moi tenir la Table Ronde, monsieur : elle doit être aussi belle que son nom, où la libre poésie de l’occident se reconnaît. Vous m’offrez de m’asseoir avec les pairs dans le conseil de ‘Brocéliande’ : J’en suis bien aise.  Je vous donnerai un poème pour votre prochain Cahier, le Troisième, si je ne me trompe : Trois et un bon nombre. En Irlande, tout va par Trois.
Je sors de l’Enfer, ou j’ai été suspendu pendant cinq ans. Je veux n’avoir vécu mon Apocalypse, que pour nier le pouvoir de la Bête, après l’avoir prédite. L’homme est celui qui résiste au Très Bas sous tous ses masques et toutes ses formes. Le mensonge du bien est le plus diabolique.
Je suis assez pauvre pour ne jamais me soucier du gain possible en ce monde : je mets ma seule condition à mon accord avec la Table Ronde : être placé en tête du Cahier. Ce n’est pas que j’y tienne en aucune façon pour mon compte : c’est uniquement contre les autres, pour leur apprendre qu’ils m’ont en vain trahi et renié.
Je penserai à tout ce que vous me dites et me proposez obligeamment. Croyez bien, je vous prie, aux très sincères sentiments de S
André Suarès »


L’aventure des Cahiers de La Table ronde est lancée en 1944 par Roland Laudenbach, Jean Turlais et Roger Mouton. À l’origine, leur ambition est de créer une revue littéraire et poétique. Autour de cette idée s’y réunit Thierry Maulnier, André Fraigneau et Jean Cocteau. François Salvat en réalise les maquettes, et le premier numéro des Cahiers de La Table Ronde paraît à la fin de l’année 1944.
Portée par l’effervescence littéraire et intellectuelle de l’époque, toujours aussi vive, la revue accueille des contributions d’auteurs tels que François Mauriac, Henry de Montherlant ou encore André Suarès.

Le poème ici évoqué par Suarès est « Maïa », qui sera non pas publié dans le troisième mais le quatrième Cahier.

Provenance :
Archives Thierry Maulnier