[GOYA] MALRAUX, André (1901-1976)

Lettre autographe signée « And. Malraux » à Thierry Maulnier
S.l., 25 juillet [1950], 2 p. in-8°

« Dieu est mort, dit Nietzsche à qui un écho ironique répond, Peut-être, mais pas le Diable » 

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Fiche descriptive

[GOYA] MALRAUX, André (1901-1976)

Lettre autographe signée « And. Malraux » à Thierry Maulnier
S.l., 25 juillet [1950], 2 p. in-8° à l’encre bleue
Pliure centrale inhérente à la mise sous pli d’époque
Filigrane à motif

Très intéressante lettre de Malraux en réaction à un article laudatif de Maulnier sur Saturne, son essai consacré à Goya


« Cher Thierry Maulnier – Merci de votre “Lever de Saturne” : vous y parlez de l’essentiel, cette crise de l’homme occidental dont nous commençons à peine à prendre conscience. La “Monnaie de l’Absolu” [ouvrage de Malraux aux éd. Albert Skyra, 1949], que vous avez, j’espère (j’ai quitté Paris avant le service de presse) tente de la faire apparaître plus clairement, plus largement que “Saturne”, limité par son sujet. Vous avez bien vu que le fait nouveau fut l’opposition d’un démoniaque non subordonné à un divin (et là est la limite de la parenté entre Goya et tous ses prédécesseurs européens, les Flamands en particulier). “Dieu est mort, dit Nietzsche à qui un écho ironique répond : “Peut-être, mais pas le Diable !”.
Le prophétisme n’est nullement en soi une valeur supérieure ; mais les “artistes prophétiques” nous sont fraternels en ce que, comme nous, ils sont question. Michel-Ange nous dirait qu’il est moins important d’être prophète que de savoir s’en servir (au sense de : savoir ce qu’on en fait). Je crois que la culture de l’interrogation, la nôtre pour bien des points tire à sa fin. C’est un domaine où nous sommes appelés, vous et moi, à nous rencontrer encore.
Soyez assuré, cher Thierry Maulnier, de mon bien cordial souvenir.
André Malraux »


Fasciné par la peinture de Goya, Malraux avait déjà fait paraître Les Dessins de Goya au musée du Prado et Le Musée imaginaire, premier tome de la Psychologie de l’art qu’il dédia à Madeleine Malraux. Conquis par l’essai de Malraux consacré à Goya, qui venait de paraître chez Gallimard, Maulnier publie dans la foulée « Le Lever de Saturne », un important article dans la revue mensuelle Hommes et Mondes (Vol. 12, n°48 – juillet 1950). Ladite revue fusionne en 1956 avec la Revue des deux Mondes.

Provenance :
Archives Thierry Maulnier