LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Lettre autographe signée « Lamartine » à Victor de Laprade
St-Point, 3 nov. 1858, 4 pp. in-8°

« Si on ne combat pas pour moi, je combattrai moi-même »

EUR 600,-
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Fiche descriptive

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Lettre autographe signée « Lamartine » (minute) à Victor de Laprade
St-Point, 3 nov. 1858, 4 pp. in-8°

Dans une missive aux élans romantiques et citant Horace, Lamartine planifie les derniers détails d’une souscription nationale en sa faveur


« Mon cher ami,
Je vous regrette moins parce que je pars dans quatre jours pour Paris. Si le comité de Lyon pense pouvoir faire quelque chose, conjurez-le de le faire immédiatement (quoi que ce soit). Il faut que le 18 décembre j’aie tout ce que Lyon aura pu faire, c’est le jour du jugement.
Si le comité de Paris ne fait pas de publicité il vaut autant qu’il cesse d’exister. On n’a de résultat que par la publicité. Ne croyez pas aux effets sans cause. Un article de journal est une cause qui ne produit que 24 heures. Il faut des circulaires à millions d’adresses, restant sur la table.
Si vous allez à Paris, pressez et rédigez une ou deux phrases brèves mais décisives pour le comité, sous forme de circulaire à cent mille adresses ; autrement je suis mort. Mais non omnis moriar [« Je ne mourrai pas tout entier » Horace, Odes, XXIV, III], et si on ne combat pas pour moi, je combattrai moi-même.
Se ipsum deserere turpissimum est [« Rien de si lâche que de s’abandonner soi-même »]. Laissez dire.
J’ai jeté ma veste et je ne me laisserai pas étouffer sans combat.
Adieu, et éternelle amitié, au niveau de l’éternelle estime.
Vou avez un sujet délicat de discours [l’éloge de Musset ; Laprade lui avait succédé à l’Académie]. C’est des difficultés que jaillissent les beautés ; courage ! Vous ferez une très belle harangue.
Lamartine »


La marque de fierté qu’il tient à faire passer dans son épître révèle en réalité un Lamartine financièrement aux abois. De ses nombreux problèmes d’argent dus à sa générosité et à son goût pour les vastes domaines, Lamartine est moqué pour ses souscriptions à répétitions et ses œuvres de circonstance (surnommé « tire-lyre »). Oublié du monde politique après son cuisant échec à l’élection présidentielle de 1848, le poète est contraint de faire de l’alimentaire. La qualité de ses œuvres s’en ressent. Les productions à sa mesure, telles que La Vigne et la Maison (1857), seront rares.
À la fin des années 1860, quasiment ruiné, il vend sa propriété à Milly et accepte l’aide d’un régime qu’il réprouve mais qui le loge gracieusement à Paris. Il y meurt en 1869, deux ans après une attaque l’ayant réduit à la paralysie.

Provenance :
Cette lettre minute fut conservée dans les archives de la famille Lamartine
Puis coll. particulière

Bibliographie :
Lettres des années sombres, éd. Henri Guillemin, Librairie de l’Université, op. cit., p. 124
Correspondance, VII, éd. Christian Croisille, Honoré Champion, n°58-142