MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)
Lettre autographe signée « Eugénie » à Charles Duperré
[Palais des] Tuileries, 30 mars [1867] , 4 pp. in-4°
« Le petit Prince a été bien malade, il est encore au lit ; ce pauvre enfant a eu une patience d’ange »
Fiche descriptive
MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)
Lettre autographe signée « Eugénie » au futur amiral Charles Duperré
[Palais des] Tuileries, 30 mars [1867] , 4 pp. in-4° sur papier vergé beige, à l’encre noire
En-tête gaufré à son initiale couronnée
Au chevet de son « petit Prince » souffrant, l’impératrice donne des nouvelles du cercle impérial
« Je suis sans nouvelles de vous mon cher Monsieur Duperré depuis un siècle, par l’Empereur j’ai su que vous aviez reçu votre nomination car il m’a dit que vous lui aviez écrit pour l’en remercier, je viens de passer par de cruelles épreuves, le petit Prince a été bien malade, il est encore au lit ; ce pauvre enfant a eu une patience d’ange car voilà 24 jours qu’il ne quitte pas son lit. On lui a fait deux opérations des plus douloureuses qu’il a subi[es] avec courage.
Nous sommes tout à fait rassurés à présent, mais la convalescence sera longue encore. J’ai bien pensé à vous, j’aurais été heureuse de vous voir près de lui, pour l’aider à prendre patience dans son lit, comme à Compiègne. Il aime les histoires des marins, et il faut lu en raconter sans cesse.
Le 18, Monsieur des Varannes est parti pout la Cochinchine [l’officier de marine Ambroise Levesque Des Varannes, officier d’ordonnance de Napoléon III, eut de notoriété publique des sentiments qu’il éprouva pour l’impératrice Eugénie]. Il doit revenir rendre compte de sa mission […] L’Empereur a été comme toujours très aimable avec lui, mais P. [probablement le ministre de la Marine Prosper de Chasseloup-Laubat] fort peu bien, vous me feriez plaisir de ne pas lui parler de Des Varannes quand vous lui écrirez. Il fait un froid fort désagréable pour le moment, j’espère que cela n’éloignera pas les étrangers de paris. L’exposition [Universelle de 1867] sera bien intéressante à voir ; le local n’est pas beau, mais très pratique – écrivez-moi et soignez votre écriture pour que je puisse vous déchiffrer.
Croyez à tous mes sentiments
Eugénie »
Le Prince impérial venait d’être opéré à deux reprises d’un abcès par le docteur Nélaton. Très affecté par ces interventions, il se rendit avec sa mère, l’impératrice, à Luchon, en juillet de la même année, afin de se rétablir. Il n’existe que très peu de lettres évoquant cet épisode.
Officier d’ordonnance de Napoléon III, Charles Duperré devient capitaine de frégate en 1866, puis prend le commandement du Forbin en 1868 puis du Reine Hortense, yacht impérial. Il est en parallèle promu aide de camp du Prince impérial,de 1867 à 1870. Figurant parmi les soutiens les plus inébranlables de la famille impériale, Duperré est aussi celui que l’empereur charge de conduire son fils en Angleterre après la défaite de Sedan, en septembre 1870. Il ne retrouverait un commandement dans la Marine qu’en 1872, et serait alors promu amiral en 1878.