PROUST, Marcel (1871-1922)

Lettre autographe signée « Marcel » à Fernand Gregh
[Paris, juillet / août 1892], 2 p. in-8° au crayon gras

« J’ai un examen imminent qui me fait travailler toute la journée »

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Fiche descriptive

PROUST, Marcel (1871-1922)

Lettre autographe signée « Marcel » à Fernand Gregh
[Paris, fin juillet – début août 1892], 2 p. in-8° au crayon gras
En-tête de la revue Le Banquet
Marques de pliures, décharge d’encre sur la première page

Proust donne des gages à son père en étudiant le droit


« Mon cher petit Gregh, je suis désolé. Voici pourquoi.
J’ai un examen imminent qui me fait travailler toute la journée, et comme la nuit je ne me couche pas à cause d’horribles crises d’asthme, le soir je n’ai le courage de rien faire.
Aussi je ne t’ai pas vu depuis longtemps et voilà ce qui m’attriste ; je suis seul à Paris, ma famille étant à Auteuil, moi ne pouvant y aller à cause de cet asthme. Tâche donc de venir un moment. Préviens-moi pour un soir de préférence.
Je t’envoie en attendant mes tendresses et mon admiration.
Marcel
»


Incertain quant à son choix de carrière, Proust s’était inscrit à la faculté de droit en 1890, à tout juste 19 ans. Après avoir réussi la partie écrite de ses examens en juin 1892, il devait passer l’oral le 4 août, auquel il échoua. Cet échec ne l’empêcha pas d’aller s’amuser à Trouville, où il retrouva son correspondant Louis de La Salle ainsi que Jacques Bizet. Il fut finalement reçu en novembre suivant.

C’est en janvier 1892, parmi les élèves du lycée Condorcet qui animaient la revue littéraire Le Banquet, que Fernand Gregh (1873-1960) rencontre Marcel Proust. Il devient rapidement le directeur de ce périodique, tandis que Proust y publie parmi ses premiers textes importants, littéraires et théoriques. Avec deux autres élèves du lycée et membres du Banquet, Louis de La Salle et Daniel Halévy, Proust et Gregh entreprennent en 1893 l’écriture d’un roman à quatre mains. Ce texte collectif, conçu sur le modèle de La Croix de Berny (composé par Gautier et trois autres écrivains) ne fut pas achevé, mais Proust en fut le principal rédacteur et y plaça déjà des thèmes qui se retrouveraient dans La Recherche. Fernand Gregh se consacra ensuite presque exclusivement à la poésie, remportant un prix de l’Académie française en 1896. Il joua un certain rôle dans la vie littéraire par sa position de secrétaire de rédaction à la Revue de Paris (1894-1897) et de rédacteur des Lettres (jusqu’en 1909).  Son amitié avec Proust connut cependant des intermittences, en raison notamment de divergences esthétiques. Par ailleurs, comme beaucoup d’écrivains « arrivés », Gregh regarda Proust d’abord avec un peu de condescendance, tandis que Proust moquait de son côté le ridicule du caractère « charmant » de son ami. Fernand Gregh entre à l’Académie française en 1953 et y laisse d’importants souvenirs littéraires, dont un volume intitulé Mon Amitié avec Marcel Proust (1958), dans lequel il édita ses lettres reçues de l’auteur de La Recherche.

Provenance :
Fernand Gregh
Puis coll. particulière

Bibliographie :
Corr., t. I, Kolb, Plon, n°51