MARTIN DU GARD, Roger (1881-1958)

Lettre autographe signée « Roger Martin du Gard » à Mme Nolde
[Nice], 14 oct. [19]43, 1 p. 1/4 in-8°

« Ici, la vie devient plus difficile chaque jour. Ne regrettez pas la somptueuse demeure de l’horizon ! »

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Fiche descriptive

MARTIN DU GARD, Roger (1881-1958)

Lettre autographe signée « Roger Martin du Gard » à Mme Nolde
[Nice], 14 oct. [19]43, 1 p. 1/4 in-8° à l’encre noire
À en-tête de la “Cité du Grand Palais”

Rare lettre de la guerre dans laquelle l’écrivain, réfugié à Nice, se montre soucieux du bien être de ses proches


« Chère Madame,
J’ai enfin votre adresse, et puis vous renvoyer cette ancienne lettre de Marc [Allégret], qui, heureusement, ne correspond plus à la réalité d’aujourd’hui. Il semble vraiment, n’est-ce pas ? qu’on puisse espérer maintenant. Les transfusions réussissant, l’appétit est revenu, la mine est bonne, les globules rouges augmentent. Alleluia !
J’espère que vous avez trouvé dans le Lot tous les avantages sur lesquels vous comptiez. Ici, la vie devient plus difficile chaque jour. Ne regrettez pas la somptueuse demeure de l’horizon !
Soyez remerciée encore pour toutes les attentions que vous avez eues pour nous, aux jours d’inquiétude, et veuillez agréer, chère madame, tous mes sympathiques hommages,
Roger Martin du Gard
Marc m’écrit que le Poussin [Danièle, fille de Marc Allégret et Nadine Vogel] est en bonne santé et profite au maximum de sa cure paysanne. Quelle sécurité pour eux de savoir la petit avec vous ! »


Auréolé d’une immense gloire après le succès de son roman-fleuve Les Thibault, dont l’ultime volet devait paraître en 1940, l’écrivain séjourne longuement en Italie à la fin des années 30, alors que déjà la guerre s’installe dans l’ouest de l’Europe. Martin du Gard doit quitter le château du Tertre, en zone occupée, pour se réfugier à Nice. Tiraillé entre optimisme et désillusion, il tente de discerner la vérité au cœur de l’agitation de cette époque incertaine, tout en s’interrogeant sur les signes que laisse entrevoir cette guerre et sur les promesses ou menaces de l’avenir.
L’essentiel de sa correspondance pendant cette période trouble se fait avec son cercle le plus proche, dont le metteur en scène Marc Allégret (fils d’Élie Allégret, précepteur d’André Gide) et son épouse, la comédienne Nadine Vogel, souffrant à l’époque de problèmes de santé. Le couple avait confié son enfant en bas âge à Madame Nolde, réfugiée dans le Lot. Ce n’est qu’au travers de celle-ci que Martin du Gard parvient à obtenir des nouvelles de l’enfant, souffrant par intermittence et lui inspirant les plus vives inquiétudes.

Provenance :
PBA, 17 mai 2011, n°143

Lettre inédite à la Correspondance du tome VIII (1940-1944)