LA FAYETTE (de), Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, dite Madame (1634-1693)
Lettre autographe à Gilles Ménage
S.l., [juin ou juillet 1662], 2 p. in-12° à l’encre brune
« Cet honnest Ferrarois quy estoit a moy ma desrobé une copie de la Princesse de Montpensier et la donnee a vint personnes »
Fiche descriptive
LA FAYETTE (de), Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, dite Madame (1634-1693)
Lettre autographe à Gilles Ménage
S.l., [juin ou juillet 1662], 2 p. in-12° sur deux feuillets distincts, à l’encre brune
Adresse autographe au verso du second feuillet : “Pour Mr Menage”
Papier vergé filigrané, foliotation “AA.38.ter.”, deux surcharges dans le texte
Décharge d’encre, rousseurs, léger trou au bris de cachet (sans atteinte au texte), petit manque à la marge supérieure du second feuillet
UNE LETTRE CAPITALE DE MADAME DE LA FAYETTE, LA TOUTE PREMIÈRE OÙ ELLE ÉVOQUE L’UNE DE SES ŒUVRES
Érigé en manifeste de la nouvelle française, La Princesse de Montpensier marque l’acte de naissance d’un genre littéraire nouveau
« Jenvoye scavoir de vos nouvelles. Je vous prie de me mander quelles sont bonnes et que vous nestes plus dans le chagrin ou je vous vis hier. Je souhaitte de tout mon cœur que cela soit ainsi. Cet honnest Ferrarois [domestique de Mme de La Fayette, qui venait de quitter son emploi] quy estoit a moy ma desrobé une copie de la Princesse de Montpensier et la donnee a vint personnes. Elle court le monde mais par bonheur ce nest pas sous mon nom. Je vous conjure si vous en entendes parler de faire bien comme si vous ne lavies jamais vue et de nier qu’elle vienne de moy si par hasard on le disait. »
Premier ouvrage de Madame de Lafayette, La Princesse de Montpensier s’impose comme un véritable manifeste de la nouvelle française et en constitue l’acte fondateur. Récit court, la nouvelle telle que la conçoit Mme de Lafayette se caractérise également par l’intégration d’événements historiques contemporains. Fondée sur un arrière-plan historique, l’œuvre retrace le parcours tragique d’une princesse déchirée par ses passions, tout en relevant pleinement du registre romanesque. Publiée avec un privilège du 27 juillet 1662 et un achevé d’imprimer du 20 août de la même année, l’œuvre qui fait de Madame de Lafayette une femme de lettres paraît sans nom d’auteur. Son ouvrage a toutefois connu une diffusion antérieure à sa publication, contre la volonté de la romancière, comme en témoigne la présente lettre, adressée à l’abbé Gilles Ménage (1613-1692). Ce dernier, grammairien averti, poète et historien très en vogue, fut le précepteur de Madame de Lafayette et de Madame de Sévigné. La Princesse de Montpensier est écrit avec la collaboration de Ménage, c’est à dire relu et sans doute corrigé par lui en vue de la publication à l’été 1662. Leur abondante correspondance, émaillée de nombreuses confidences, témoigne de leur indéfectible amitié. Ménage lui dédia plusieurs de ses poèmes, dont Le Jardinier et L’oiseleur.
Provenance :
Succession F.d.C.
Puis coll. particulière
Bibliographie :
Œuvres complètes, éd. Camille Esmein-Sarrazin, 2014, Pléiade, p. 930, n°62-6 (transcription en orthographe contemporaine) / Historienne et romancière ?, G. Mouligneau, éd. Université de Bruxelles, 1980 / Correspondance, t. I, éd. André Beaunier, 1942, Gallimard, p. 168-169 / Madame de La Fayette, éd. Harry Ashton, Cambridge University Press, 1922, p. 107