ROLLAND, Romain (1866-1944)

ROLLAND, Romain (1866-1944)

Lettre autographe signée « Romain Rolland » [à Eugène Montfort, directeur de la revue littéraire Les Marges]
[Paris], 20 mai 1914, 2 p. in-8° sur papier vert pâle
Pliure centrale inhérente à la mise sous pli d’époque
Un mot interligné

Romain Rolland promet un extrait de son prochain roman au directeur des Marges et lui recommande une liste de souscripteurs potentiels, dont Stefan Zweig

« Cher Monsieur,
Il est entendu que je vous enverrai pour Les Marges un chapitre de mon prochain roman [Colas Breugnon], – un, si c’est trop long, les meilleures pages de ce chapitre. Mais l’éditeur, à qui j’ai remis le manuscrit, m’a demandé de n’en faire rien paraître dans les revues avant l’automne (septembre) : car le volume sera publié seulement en octobre. Croyez que je n’oublierai pas ma promesse : j’aurai plaisir à la tenir.
M. Gilbert Saville m’a demandé, ces jours derniers, de lui indiquer, parmi mes amis, ceux qui s’intéressent aux Marges. Il m’est assez difficile d’en dresser une liste. Car la plupart de ceux que je connais sont, ou trop pauvres pour l’abonner à une revue de plus, ou habitués à ce qu’on leur fasse le service des revues.
Je vous indiquerai seulement pour l’instant.
Maurice Pottecher, 5 rue de la Santé
Jean-Richard Bloch, à l’Institut français de Florence…
Pierre Mille, 15 quai Bourbon
René Morax, Morges (Suisse)
Emile Vandervelde, La Hulpe près Bruxelles
Stefan Zweig, VIII, Kochgasse 8, Vienne
Veuillez croire, cher Monsieur, à mon cordial dévouement.
Romain Rolland
3 rue Boissonnade
Je quitte Paris, ces jours-ci. »

Roman écrit avant l’été 1914, Colas Breugnon ne sera publié qu’en 1919. La promesse de l’écrivain pacifiste à l’égard de Montfort de faire paraître un extrait dans Les Marges ne pourra, de fait, être tenue. Installé en Suisse aux premières heures de la Grande Guerre, Romain Rolland profite de sa présence dans un pays neutre pour diffuser plus librement ses œuvres, dont la plus célèbre demeure son appel pacifiste Au-dessus de la mêlée.

Zweig et Rolland entretiennent une affinité intellectuelle intense, si bien que l’écrivain autrichien publie en 1921 une biographie de son ami. On ne sera donc pas surpris que Rolland recommande Zweig parmi les souscripteurs potentiels de la revue Les Marges.