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Lettre autographe à sa petite-fille Madeleine de Malaret
Paris, 17 avr. 1870, 3 p. in-8° sur papier de deuil, à l’encre noire
« Je me suis abstenue d’écrire, chose qui me fait le plus de mal »
Lettre autographe à sa petite-fille Madeleine de Malaret
Paris, 17 avr. 1870, 3 p. in-8° sur papier de deuil, à l’encre noire
En-tête gaufré à ses initiales, surmontés d’une couronne
Un mot caviardé par la comtesse, parfait état
Rare lettre intime de la comtesse donnant des nouvelles familiales à une de ses petites filles modèles
« Chère petite, je devrais t’avoir écrit depuis plusieurs jours, mais je n’ai pas été bien de la tête et je me suis abstenue d’écrire, chose qui me fait le plus de mal ; aujourd’hui ce n’est pas très brillant, mais c’est mieux. Je n’ai pourtant pas abusé ni même usé de l’Église dont la chaleur étouffée et le mouvement continuel augmente le tournoiement de tête. Je me suis contentée d’une messe basse matinale quotidienne, et j’ai du reste vécu (à l’extérieur) comme une payenne [sic] ; je me flatte que le dedans n’était pas en harmonie avec le dehors. J’ai reçu ce matin la seconde lettre de ma chère Camille [sœur de Madeleine, l’autre « petite fille modèle »] ; en attendant que je lui écrive dis-lui que j’approuve beaucoup le sacrifice qu’elle veut faire à son père ; elle reconnaît ainsi toute l’affection que lui témoigne son père ; j’espère que ni sa santé ni celle de Baby ne souffriront de la grande chaleur de l’été ; elle sera pour son père d’une ressource énorme ; et je répète que je ne saurais trop exprimer mon approbation et ma satisfaction du parti qu’elle prend. Et toi ma pauvre petite ? Que deviens-tu dans ce changement de projets ? [Madeleine s’était séparé de son époux, Paul de Malaret] Si tu ne restes pas à Florence, comment feras-tu pour rejoindre Maman […] Tous les collèges de Paris se mettent en liesse aujourd’hui ; dix jours de vacances ! J’attends dans une heure, (à 5h.) mon petit Jacques¹ ; il s’embarque demain tout seul pour Livet où il se reposera de ses travaux. […] Je pars après-demain soir (mardi) pour Kermadio. Je compte sur le grand air, le bon air pour me remettre. Elisabeth [Élisabeth Fresneau, une autre de ses petites-filles] est contente de retourner à Kermadio ; elle se désole par avance de ne pas voir Madeleine cet été. Tout le monde va bien là-bas. Adieu ma chère bonne petite, je t’embrasse bien tendrement ainsi que Camille, Papa et Baby ; je fini parce que ma tête tourne. Il fait beau et chaud, trop sec pour la terre […] »
Trois ans après le décès de son époux, Sophie Rostopchine embrasse en 1866 la vie religieuse en tant que tertiaire franciscaine sous le nom de sœur Marie-Françoise, sans pour autant renoncer à son activité littéraire. Le veuvage, marqué par le déclin des ventes de ses ouvrages, la contraint à céder le château des Nouettes en 1872, puis à s’installer définitivement à Paris, au 27 rue Casimir-Périer (7ᵉ arrondissement) l’année suivante. C’est dans cette demeure, entourée de ses enfants et petits-enfants, qu’elle s’éteint à l’âge de 74 ans.
Ses petites filles Camille et Madeleine permirent à la comtesse de nourrir son imaginaire lors de sa rédaction de ses Petites Filles modèles. Ainsi, confiait-elle en préface de l’ouvrage : « Mes Petites Filles modèles ne sont pas une création ; elles existent bien réellement : ce sont des portraits ; la preuve en est dans leurs imperfections mêmes. Elles ont des défauts, des ombres légères qui font ressortir le charme du portrait et attestent l’existence du modèle. Camille et Madeleine sont une réalité dont peut s’assurer toute personne qui connaît l’auteur. »
1- Jacques de Pitray (1857-1876), fils du Vicomte Emile Simard de Pitray et de Olga de Ségur est peut-être le petit-fils préféré de la Comtesse de Ségur. Elle le cajole, lui donne son bain et accepte le surnom de » Nénay » que lui donne l’enfant. Il figurera dans plusieurs de ses œuvres en particulier dans Les Petites Filles Modèles, Les Vacances, L’Auberge de l’Ange Gardien, Le Général Dourakine, Les Mémoires d’un Ane, Pauvre Blaise, Les Deux Nigauds… Son personnage sera toujours un enfant, un jeune homme ou un adulte aimable et vertueux.
Lettre inédite