DESMOULINS, Camille (1760-1794)

Lettre autographe signée « Votre fils Desmoulins » à son père Jean-Benoist-Nicolas Desmoulins
[Paris] le 4 décembre 1789, 1 page in-4, cachet de cire rouge à son chiffre

« Me voilà journaliste et determiné a user amplement de la liberté de la presse »

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Fiche descriptive

DESMOULINS, Camille (1760-1794)

Lettre autographe signée « Votre fils Desmoulins » à son père Jean-Benoist-Nicolas Desmoulins
[Paris] le 4 décembre 1789, 1 page in-4, cachet de cire rouge à son chiffre
Traces de pliure d’époque, quelques taches

Très précieuse et importante lettre de « L’homme du 14 juillet » tirant profit de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen pour lancer le premier numéro de son journal pamphlétaire Les Révolutions de France et de Brabant


« Mon tres cher pere, Je vous ai fait passer le n° 1 de mon journal. Ne l’avez vous point reçu ? Je vous prie de m’en accuser la reception. Je vous envoie 2 prospectus.
Si faire se peut, car nul n’est prophete en son pays, envoyez moi des souscriptions. Je compte deja parmi mes abonnés deux princes du sang.
Me voilà journaliste et determiné a user amplement de la liberté de la presse. On a trouvé mon premier n° parfait. Mais soutiendrai je ce ton ? J’ai tant d’occupations que je vous écris ceci à deux heures du matin après minuit. Je vous embrasse. Bon soir. Votre fils Desmoulins.
Je vous souhaite la bonne fête et un joyeux Saint-Nicolas. Deviniez-vous que je serais un Romain quand vous me baptisiez Lucius, Sulpicius, Camillus ? et prophétisiez-vous ? »


Dans les jardins du Palais-Royal, le 12 juillet 1789, Camille Desmoulins, jeune avocat, monte sur une table et s’écrie :
« J’arrive de Versailles, Necker est renvoyé. Ce soir tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger. Une ressource nous reste, c’est de courir aux armes et de prendre des cocardes pour nous reconnaître ! »
Les arbres du jardin sont dépouillés de leurs feuilles qui, accrochées aux vestons et aux chapeaux, forment le premier signe de ralliement des citoyens. Deux jours plus tard, la Bastille est prise. Desmoulins se fait un nom.

Le 26 août, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, texte fondamental de la Révolution Française, stipule en son onzième article :
« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. »

Camille Desmoulins se consacre alors à l’écriture d’un pamphlet, « La France libre » :
Le tout premier numéro de Révolution de France et de Brabant sort des presses de Garnéry le 28 novembre 1789. Le révolutionnaire y déclare :
« Le véritable palladium c’est la déclaration des droits, c’est la liberté de la presse »

Plume trempée dans l’acide, Camille Desmoulins en profite pour attaquer les ennemis des patriotes, souvent nominalement. Comme Danton, il soutient une liberté de la presse sans entrave. Lorsque l’Assemblée discute d’un encadrement de la liberté de la presse, en janvier 1790 (projet Sieyès), il se prononce contre ; ce projet est d’ailleurs avorté.
Ce plein usage de la liberté de la presse vaut à Camille Desmoulins plusieurs procès. Le premier débute en janvier 1790 : avec d’autres journalistes, il y est attaqué par le bourreau Sanson, ce dernier lui reproche d’avoir insinué qu’il était contre-révolutionnaire.

L’allusion en fin de lettre que Desmoulins fait sur son nom et la Rome antique vient du surnom qu’il qui lui a été donné en été 1789 : Camille.
Dans son livre Camille et Lucile Desmoulins, Hervé Leuwers montre (p. 178) que, contrairement à ce que l’on a écrit ici, le prénom n’est pas choisi pour rappeler la jeunesse et la bonne humeur du journaliste. En effet, on l’appelle « Camille » ou « Camille Desmoulins » par allusion au général romain Camillus, qui a sauvé Rome des Gaulois au IVe siècle avant J.C. Camille Desmoulins est comme un nouveau Camillus.

Il est le plus brillant représentant de la liberté de la presse sous la Révolution.

Les lettres autographes signées de Camille Desmoulins en mains privées sont de la plus grande rareté