ARAGON, Louis (1897-1982)

Lettre autographe signée « Aragon » à Henri Droguet
S.l., [10 nov. 1970], 1 p. in-4°

« J’ai, de cette découverte, un certain plaisir »

EUR 200,-
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Fiche descriptive

ARAGON, Louis (1897-1982)

Lettre autographe signée « Aragon » à Henri Droguet
S.l., [10 nov. 1970], 1 p. in-4° à l’encre bleue, sur papier japon
Petite tache marginale sans gravité
Légère décharge d’encre témoignant d’un pliage de Louis Aragon alors que l’encre n’était pas encore sèche

Aragon, passeur de talents, promeut un jeune poète dans sa publication littéraire Les Lettres françaises


« Cher Henri Droguet,
Je n’ai pas répondu à votre lettre du 23 septembre, et c’est seulement aujourd’hui que j’ai la possibilité d vous envoyer la seule réponse valable : l’insertion de ces sept poèmes dans les Lettres Françaises¹. Pour vous faire plaisir, disiez-vous, et non, ce n’était pas de la présomption. Vous savez bien que je vous ai, de loin en loin, accueilli ainsi “quand ça vous fait plaisir”, je veux dire quand vous avez eu la générosité de m’écrire. Je crois que vous avez raison de tenir surtout au septième poème, ce n’est pas trop me demander que de vous le dire.
Il arrive une étrange chose : dans ce numéro du journal, vous allez voisiner avec Michel Cahour dont je m’avise à l’instant, qu’il n’habite plus à Caen d’où j’avais reçu ses premiers envois, mais à Hérouville au 109 du boulevard du Grand Parc. Le connaissez-vous ? Vous connaît-il ? Rien ne permet de le croire. Comment se fait-il pourtant, serait-il possible que le chemin entre vous passe par moi, d’un singulier ricochet ? Non, vous devez le connaître : il y a de la prétention de ma part à me croire ainsi le lien entre des gens si proches².
J’ai, de cette découverte, un certain plaisir.
Bien amicalement
Aragon »


Ainsi qu’il le confiait lui-même dans Aragon parle (Seghers), le poète n’a pu vivre de sa littérature « qu’à partir de 1959, c’est à dire à l’âge de soixante et un ans. Jusque-là, jamais. » Devenu directeur des Lettres françaises depuis 1953, Aragon met dès lors à contribution son immense notoriété littéraire pour promouvoir de nombreux jeunes poètes et écrivains dans le journal. Il permet ainsi à Henri Droguet (né en 1944) et Michel Cahour (né en 1940) d’y figurer, aux côtés de nombreux autres découvertes poétiques, au milieu d’auteurs consacrés comme Pablo Neruda, Eugène Guillevic ou Nicolas Guillen. Telle était la volonté d’Aragon d’intégrer une mixité dans la revue, entre autres chroniques littéraires et artistiques.

1/ Lesdits poèmes paraîtront le lendemain, dans Les Lettres françaises du 11 nov. 1970
2/ Droguet ne connaissait pas Michel Cahour à la réception de la présente lettre. Ainsi qu’il le confie au moment de la publication (2011) de sa correspondance avec Aragon : « Je me suis précipité dans l’immeuble voison pour y rencontrer Michel Cahour. Nous avons passé des soirées, chez l’un, chez l’autre, à parler poésie, Aragon, politique. […] Il a publié en 1972, dans la collection Poésie 72 – Seghers, un recueil intitulé Ce sera comme un chant, puis en 1974, chez le même éditeur un deuxième recueil intitulé Banquises préfacé par Aragon […].

Bibliographie :
Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet n°13, Presses Universitaires de Strasbourg, 2011, n°IV