BERLIOZ, Hector (1803-1869)
Lettre autographe signée « Hector Berlioz » à Alfred de Vigny
Paris, 18 sept. [1833], 1 p. in-4°
« Ma pauvre Ophélie… Elle se croit oubliée de la terre entière »
Fiche descriptive
BERLIOZ, Hector (1803-1869)
Lettre autographe signée « Hector Berlioz » à Alfred de Vigny
Paris, 18 sept. [1833], 1 p. in-4° sur bifeuillet brun, à l’encre noire
Adresse aut. : « Monsieur Alfred de Vigny / 3 rue des écuries d’Artois / Faubg St Honoré / Paris »
Timbre sec « Weynen » au coin supérieur gauche, marques de compostage
Bris de cachet au second feuillet, avec un peu de manque, sans atteinte au texte
Berlioz s’efforce de relancer la carrière de sa future épouse en sollicitant le poète-dramaturge
LA TOUTE PREMIÈRE LETTRE DE BERLIOZ À VIGNY
« Monsieur,
Seriez-vous assez bon pour disposer en ma faveur d’une heure dans l’après-midi de mercredi prochain ? Mlle Smithson m’accompagnera. Je suis heureux de pouvoir lui procurer l’avantage de faire votre connaissance qu’elle ambitionne depuis longtemps. Elle est bien triste, bien découragée… Les suites de son accident l’éloignent encore pour quelques mois du théâtre et lui donnent une timidité qui me porte à vous prier de nous recevoir seuls s’il est possible. Vous pourrez vraisemblablement nous donner quelques renseignemens dont nous avons besoin. En outre, vous m’avez témoigné assez de sympathie affectueuse pour que je n’hésite pas à vous prier de rassurer ma pauvre Ophélie sur son avenir. Elle se croit oubliée de la terre entière : l’espérance vague que je lui ai donnée d’une pièce de vous, dans laquelle elle pourrait reparaître, la charme trop pour qu’elle ose s’y abandonner et quelques autres mots de votre part, à cette occasion, n’eussent-ils pour objet que de la tranquilliser un peu, seront pour moi d’un prix inestimable. J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre tout dévoué et sincère admirateur.
Hector Berlioz »
Berlioz découvre Harriet Smithson lors de la représentation d’Hamlet de Shakespeare créée le 11 septembre 1827 au Théâtre de l’Odéon, à l’heure d’un courant romantique émergent. L’actrice, qui interprète Ophélie, y fait sensation dans le tout-Paris artistique. S’ouvrent alors pour elle six années de succès. Sa carrière connaît toutefois un brutal arrêt lorsque, le 1ᵉʳ mars 1833, elle se fracture la jambe en tombant d’une voiture. Privée de scène et de ressources, celle qui devait inspirer le compositeur pour sa Symphonie fantastique accepte, au cours de l’été 1833, sa demande en mariage.
Ne parvenant pas à redonner un élan à son entreprise artistique, la tragédienne suscite chez Berlioz une ferveur accrue, qui le conduit, au début du mois de septembre, à organiser une soirée théâtrale en son bénéfice. C’est au cours de cette même soirée, grâce à l’entremise d’Auguste Barbier et d’Auguste Brizeux, que Berlioz fait la connaissance d’Alfred de Vigny.
Les deux amants se marient le 3 octobre suivant à l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris.
Provenance :
Coll. particulière
Bibliographie :
Revue des Deux Mondes, (dir. Ernest Dupuy), 6e période, t. 2, 1911, pp. 841-842