COCTEAU, Jean (1889-1963)

Poème autographe : « Sonnet »
S.l.n.d. [c. 1921], 1 p. in-4° oblongue

« Aujourd’hui le soleil, redoutable artifice… »

EUR 550,-
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Fiche descriptive

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Poème autographe : « Sonnet »
S.l.n.d. [c. 1921], 1 p. in-4° oblongue, à l’encre noire
Sur papier vergé
Légère insolation (voir scan)

Très beau poème Cocteau paru dans son recueil Vocabulaire en 1922


« Aujourd’hui le soleil, redoutable artifice
Pousse vers la vitrine un nouveau bûcheron
Le diamant d’amour y fait sa cicatrice
Lisible sur le ciel blessé par le clairon

Feu! pour mes longs hivers la flamme est écrevisse
Joyeuse, ou bien diane en chasse à l’escadron
Absinthe verte ou vert billard un même vice
Fait de votre journal l’unique liseron

Hôtel peu cher devant la Méditerranée ¹
De tous les matelots morgue où Vénus est née
Char fleuri sous l’orage et rage de Didon

Qui meurt debout sur un lustre de tragédie
Forçat, zèbre craintif caché sous l’édredon
Votre troupe en chemise excite l’incendie »


Publié en 1922 aux Éditions de la Sirène, le recueil Vocabulaire marque une étape charnière dans la production poétique de Cocteau, entre l’héritage de l’avant-garde et une expression d’inspiration plus classique. Dès lors, Cocteau se réalise dans ce qu’il convient d’appeler la « poésie de la trouvaille », émaillée de ruptures de ton, d’humour et de rapidité du trait (Pléiade).
On connaît un autre manuscrit de ce poème, provenant de la collection Robert Parienté, puis une épreuve, aujourd’hui conservée à la Bibliothèque historique de la ville de Paris.
Adéquatement intitulé « Sonnet » de par sa construction métrique, ce poème a fait l’objet de nombreuses transformations par Cocteau avant de prendre sa forme définitive. Le poète fini par le renommer « Jeu Royal » au moment de sa re-publication, en 1925. Il est ici reproduit sous sa forme définitive, à ceci près d’une absence quasi totale de ponctuation.

1- Allusion probable à l’hôtel Gilly, où Cocteau séjourna avec Radiguet de la mi-mars à la mi-avril et où il travailla entre autres à Vocabulaire.

On joint :
Un brouillon de poème inédit (1/2 p. in-4° oblongue) à la mine de plomb, sans doute de la même époque. Composé d’un tercet suivi d’un quatrain, de nombreux mots ont été nerveusement caviardés par l’auteur. Ces vers couchés par Cocteau ne semblent pas avoir été repris de façon concrète dans sa production poétique.

Provenance :
Librairie Bernard Loliée
Puis coll. particulière

Bibliographie :
Œuvres poétiques complètes, éd. Michel Décaudin, Pléiade, p. 338