COLETTE, Sidonie Gabrielle (1873-1954)

Manuscrit autographe (fragment) pour La Chatte 
S.l.n.d. [début 1933], 1 p. in-4° sur papier japon bleu pâle

« Sa fierté nouvelle, qui semblait faire crédit à la prochaine nuit, aux jours suivants, se contentait sans doute des licences d’aujourd’hui »

EUR 2.000,-
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Fiche descriptive

COLETTE, Sidonie Gabrielle (1873-1954)

Manuscrit autographe (fragment) pour La Chatte
S.l.n.d. [début 1933], 1 p. in-4° sur papier japon bleu pâle
Filigrane “Japon / Barjon / Moirans / Isère”
Décharge d’encre, nombreuses ratures et surcharges de la main de Colette
Pliures, résidus d’onglet au verso, annotations typographiques au crayon

Fragment autographe de premier jet pour La Chatte, paru en 1933


« […] noires et de verrières d’un bleu d’insecte, rejoignirent la chambre à trois parois qui ne voilaient qui ne voulait pas de meubles.
– C’est beau, dit Alain à mi-voix. Mais il ne sut quel frisson enfantin d’isolement lui fit chercher, de la tempe, la jeune épaule d’où glissait le peignoir-éponge.
“ Abandonnée sur un palier… sur une terrasse au neuvième étage… au sommet d’un phare… Tout un cet horizon chez soi… Ce n’est pas un logis humain…”
Le bras de Camille lui tenait d’un bras le cou, et elle regardait sans peur, tour à tour les vertigineuxses limites de Paris et la blonde tête désordonnée. Sa fierté nouvelle, qui semblait fairesait crédit à la prochaine nuit, aux jours suivants, se matin contentait sans doute des licences d’aujourd’hui : dominer fouler un lit commun, étayer, de l’épaule et de la hanche, un corps de jeune homme, s’habituer à sa couleur, à ses offenses, appuyer son regard avec assurance sur
[…] »


Ce fragment permet d’observer la lente et laborieuse genèse de ce qui demeure l’un des chefs-d’œuvre de Colette. Celle qui a toujours exprimé le « dur métier d’écrire », à la recherche du « mot meilleur, et meilleur que meilleur », caviarde, parfois plusieurs mots d’affilée. Colette nous plonge au cœur de sa création artistique.
Court roman ou longue nouvelle, La Chatte revisite de façon originale et inédite le triangle amoureux faisant d’un animal, Saha, « la chatte », la rivale de Camille dans le cœur d’Alain.
Situé au milieu du troisième chapitre, le présent fragment, tinté de sensualité et d’érotisme, correspond aux premiers moments de l’installation du couple dans leur appartement. D’emblée s’exprime le trouble et bientôt le dégoût d’Alain pour ce logis et la présence corporelle de sa compagne à la sensualité débordante.

Seule œuvre de Colette publiée aux édition Grasset, ce fragment, de par ses quelques variantes avec le texte définitif, correspond selon toute vraisemblance à la publication pré-originale dans l’hebdomadaire littéraire illustré Marianne, du 12 avril au 7 juin 1933.

Deux manuscrits de La Chatte nous sont parvenus. Le premier, incomplet et de premier jet, est conservé à la BnF sous le dossier R.57846. Il est composé de 53 feuillets bleus ou verts, sur papier japon de chez Barjon. Le présent fragment semble se rattacher à ce corpus.
Le second manuscrit, complet de ses 200 feuillets et signé, est sans doute une mise au propre. Il a été vendu par Sotheby’s à Londres, le 26 mai 1991.

Provenance :
Collection particulière

Bibliographie :
La Chatte, Grasset, 1933, p. 51-52
Le Blé en herbe et autres récits, éd. Claude Pichois et Madeleine Raaphorst-Rousseau, Pléiade, p. 830-831