LÉVI-STRAUSS, Claude (1908-2009)

Lettre autographe signée « Claude Lévi-Strauss » [à Thierry Maulnier]
Paris, 12 novembre 1985, 1 p. 1/2 in-4° à en-tête du Collège de France

« Un problème posé par « Le Contrat social » et sur lequel toute la philosophie politique de Rousseau échoue… »

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Fiche descriptive

LÉVI-STRAUSS, Claude (1908-2009)

Lettre autographe signée « Claude Lévi-Strauss » [à Thierry Maulnier]
Paris, 12 novembre 1985, 1 p. 1/2 grand in-4°, à l’encre bleue
En-tête du Collège de France
Filigrane : « OCF Savoyeux »
Marques de pliures inhérentes à la mise sous pli d’origine
Légère bavure au coin supérieur droit, infimes déchirures en marge droite, déchirure habilement restaurée en marge haute
[Chambre d’anthropologie sociale] caviardé par Lévi-Strauss

Brillante critique du philosophe sur Le Dieu masqué, l’essai de Maulnier paru en 1985


« Cher Monsieur,
Comme « Les Vaches sacrées », « Le Dieu masqué », dont j’achève la lecture, captive par la richesse, la variété et la profondeur des idées. Certaines, exprimées avec plus de bonheur que je ne saurais faire, me frappent par la correspondance qu’on peut y lire entre nos deux pensées. Ainsi l’idée que la science moderne tend à rejoindre le mythe (81), et celle qu’un dualisme contradictoire se révèle dans l’usage trop courant qu’on fait des enseignements de la biologie (170).
Dans 292, vous résolvez en un tournemain, d’une façon que je crois décisive, un problème posé par « Le Contrat social » et sur lequel toute la philosophie politique de Rousseau échoue ; Rousseau que, semble-t-il, vous n’aimez guère (796) et dont vous retrouvez pourtant exactement les termes à propos de l’origine des langues (694) !
513 ne s’applique-t-il pas aussi à la Commune ? Et 529, mieux encore qu’au socialisme à l’islam ?
On est ainsi constamment porté à vous emprunter vos propos comme des outils servant à prolonger la réflexion. C’est là un titre à la reconnaissance de vos lecteurs. Je vous exprime la mienne et vous prie, cher Monsieur, ce croire à mes sentiments admiratifs et très fidèles.
Claude Lévis-Strauss »


Un scepticisme universel dans son Dieu masqué permet à Maulnier de retourner les propositions les plus établies sur la religion, la condition humaine, l’évolution et l’État. À travers réflexions morales et analyses métaphysiques, l’auteur examine la tension entre liberté individuelle et contraintes collectives, ainsi que les contradictions internes de l’être pensant confronté à un monde où le sens vacille.
L’essai parait le 23 octobre 1985 chez Gallimard (coll. Blanche). On en conclut que Maulnier l’a aussitôt envoyé à Levi-Strauss, qui en tire une saisissante critique moins de trois semaines plus tard.

Provenance :
Archives Thierry Maulnier