PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Lettre autographe signée « Louis-Napoléon » [à Mathilde de Saulcy]
Camden Place, Chislehurst (Kent), 18 août 1871, 4 p. in-12° à l’encre brune
Petites décharges d’encre
Parfait état de conservation

Le Prince impérial réagit aux nouvelles de Paris, au sortir de « l’année terrible »

De la collection Jean-Claude Lachnitt

« Madame, 
Je vous avais promis de vous écrire ; mais vous m’avez enlevé le plaisir de vous surprendre en m’envoyant ce petit mot qui m’a fait un grand plaisir du reste. 
Vous me dites que Paris est horriblement changé, mais que les habitants sont plus sérieux, tant mieux ! 
On nous a déjà dit que les parisiens étaient mieux disposés pour l’Empereur, il a même reçu un bouquet que les commerçants de Paris lui ont envoyé pour le 15 Août. 
Veuillez remercier Charles Serre de sa charmante boite qui a fait plaisir à tout le monde, et lui dire ainsi qu’à Jacqueline combien nous les regrettons. Rappelez moi aussi, Madame au bon souvenir de Mr de Saulcy. 
Je termine ma lettre, madame, et je souhaite que nous ne restions pas trop longtemps sans vous revoir 
À bientôt donc Madame, 
Votre bien affectionné 
Louis-Napoléon »

Entre le siège de Paris et la Commune (1870-1871), la France traverse une crise politique majeure, marquée par une instabilité institutionnelle et des violences urbaines sans précédent. La capitale, assiégée par les Prussiens (septembre 1870-janvier 1871) puis secouée par l’insurrection communaliste (mars-mai 1871), incarne les fractures d’une société divisée entre républicains, monarchistes et bonapartistes. Libéré par Bismarck en mars 1871 après sa capture à Sedan, Napoléon III, bien que malade, et son fils, le prince impérial, nourrissent l’espoir d’un retour politique, comme en témoignent les allusions épistolaires à un Paris « mieux disposé » envers l’Empereur ou les gestes symboliques (tel le bouquet offert le 15 août 1871, date anniversaire de Napoléon Ier). Ces velléités bonapartistes, bien que marginales, révèlent la persistance d’un attachement nostalgique à l’Empire, dans un contexte où la Troisième République, encore balbutiante, peine à s’imposer face aux monarchistes et aux séquelles de la défaite.

Mathilde de Billing, épouse de l’archéologue et conservateur de musée Félicien Caignart de Saulcy, avait été dame de compagnie de l’impératrice Eugénie.