PROUST, Marcel (1871-1922)

Lettre autographe signée « Marcel Proust » à Fernand Gregh
S.l.n.d. [peu avant le 24 déc. 1904], 1 p. 1/2 petit in-8°

« J’aurais été content de passer une soirée avec toi, surtout celle-là à laquelle notre imagination conserve malgré tout un charme légendaire »

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Fiche descriptive

PROUST, Marcel (1871-1922)

Lettre autographe signée « Marcel Proust » à Fernand Gregh
S.l.n.d. [peu avant le 24 déc. 1904], 1 p. 1/2 petit in-8°
Papier de deuil vergé et filigrané
Marque de pliure inhérente à la mise sous pli d’époque

Proust ou l’art de décliner une invitation – Ce réveillon auquel « notre imagination conserve malgré tout un charme légendaire »


« Mon cher Fernand, veux-tu faire accepter à madame Gregh mes respectueux remerciements pour l’invitation du réveillon. J’ai bien peur qu’il ne me soit pas possible d’y aller. Pourtant j’aurais été content de passer une soirée avec toi, surtout celle-là à laquelle notre imagination conserve malgré tout un charme légendaire. Si je pouvais venir te serrer la main vers onze heures, je n’y manquerais pas.
Tout à toi,
Marcel Proust »


Proust avait été invité à Dammarie-les-Lys pour passer le réveillon, où les beaux-parent de Fernand Gregh avaient loué une maison Louis XVI. Trop souffrant, il dut renoncer par une épître, quoique brève, reconnaissable entre mille par le style.
Dans sa lettre du 20 décembre à Madame Straus, Proust avait cependant écrit : « J’irai peut’être un jour à la campagne pour Noël »

Fernand Gregh (1873-1960) rencontre Marcel Proust en janvier 1892, parmi les élèves du lycée Condorcet qui animaient la revue littéraire Le Banquet. Il devient rapidement le directeur de ce périodique, tandis que Proust y publie parmi ses premiers textes importants, littéraires et théoriques. Avec deux autres élèves du lycée et membres du Banquet, Louis de La Salle et Daniel Halévy, Proust et Gregh entreprennent en 1893 l’écriture d’un roman à quatre mains. Ce texte collectif, conçu sur le modèle de La Croix de Berny (composé par Gautier et trois autres écrivains) ne fut pas achevé, mais Proust en fut le principal rédacteur et y plaça déjà des thèmes qui se retrouveraient dans La Recherche. Fernand Gregh se consacra ensuite presque exclusivement à la poésie, remportant un prix de l’Académie française en 1896. Il joua un certain rôle dans la vie littéraire par sa position de secrétaire de rédaction à la Revue de Paris (1894-1897) et de rédacteur des Lettres (jusqu’en 1909).  Son amitié avec Proust connut cependant des intermittences, en raison notamment de divergences esthétiques. Par ailleurs, comme beaucoup d’écrivains « arrivés », Gregh regarda Proust d’abord avec un peu de condescendance, tandis que Proust moquait de son côté le ridicule du caractère « charmant » de son ami. Fernand Gregh entre à l’Académie française en 1953 et y laisse d’importants souvenirs littéraires, dont un volume intitulé Mon Amitié avec Marcel Proust (1958), dans lequel il édita ses lettres reçues de l’auteur de La Recherche.

Provenance :
Fernand Gregh
Puis coll. particulière

Bibliographie :
Corr., t. IV, Kolb, Plon, n°222