[RIMBAUD] DERMÉE, Paul (1886-1951)

[RIMBAUD] DERMÉE, Paul (1886-1951)

Manuscrit autographe (pour une conférence ?)
S.l.n.d. [c. 1920], 4 p. 1/2 in-4°

Remarquable exercice critique de l’œuvre rimbaldienne par Paul Dermée, l’une des figures majeures du dadaïsme

Dermée passe en revue certaines des œuvres les plus emblématiques de l’homme aux semelles de vent :
Pour « Oraison du soir », il analyse le poème en « rhétorique romantique en quatrains croisés, certains souffle, langue très sonore, haute en couleurs. Larges enjambements […] » Il recopie trois vers du poème :
« Je vis assis, tel qu’un ange aux mains d’un barbier […]
Tels que les excréments chauds d’un vieux colombier,
Mille Rêves en moi font de douces brûlures »
Puis plus loin il poursuit avec une analyse poussée du « Bateau ivre », pour lequel il évoque un travail sur « le vrai lyrisme, correspondances des images et renversements, ardemment exprimés […] » Là aussi, il recopie plusieurs vers du poème.
Il continue avec « Voyelles », qu’il décrit comme une « sensualité violente […] intéressé et sensible au son des mots, à leur vie physique »
Tout au long du manuscrit, Dermée s’efforce de mettre en exergue des analogies (parfois anachroniques) entre la production rimbaldienne et celles d’autres poètes ou artistes tels Hugo, Baudelaire, mais aussi Apollinaire ou encore Gauguin.
Il termine avec les Illuminations : « Rimbaud jette les deux mains dans la couleur, le brillant, le merveilleux, les anges, les monstres… »

L’influence rimbaldienne chez les dadaïste est, aux côtés de Lautréamont, fondamentale. Elle aura toujours infusée dans l’imaginaire de leurs poètes, Aragon en tête avec son recueil Feu de joie, paru en 1919.
Rimbaud est aux yeux des Dadaïstes d’avant-garde pour l’abandon de l’œuvre et l’aventure dans le Réel ; aux yeux de tous pour le « Harar », parce que le silence est inimitable (Alain Borer).