BARTHOLDI, Auguste (1834-1904)

Lettre autographe signée « Bartholdi » à Georges Glaenzer
Paris, le 4 mai 1882, 4 pp. in-8 sur son papier en-tête

« Nous serons prêts, notre statue sera faite en temps voulu et ce serait presque un affront pour la France, si le piédestal n’est pas fait »

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Fiche descriptive

BARTHOLDI, Auguste (1834-1904)

Lettre autographe signée « Bartholdi » à Georges Glaenzer
Paris, le 4 mai 1882, 4 pp. in-8 sur son papier en-tête

Très rare lettre de Bartholdi sur la Statue de la Liberté. Le sculpteur s’inquiète de ne plus avoir de nouvelles des Américains au regard de leur quote-part de financement pour le piédestal – Il assure en revanche que que les français seront prêts à temps


« Mon très cher ami,
Votre bonne lettre m’a fait bien plaisir cela va sans dire, mais elle m’a réjoui d’autant plus que souvent je parle de vous quand j’en ai l’occasion et que souvent je disais je ne vois rien venir ; il nous oubli dans l’encrier et nourrit sa plume de bonnes intentions. Je suis heureux de voir les pensées parisiennes surnager sur l’océan de votre vie agitée des affaires. Cela laisse l’espoir de vous voir revenir ici plus tard.
J’avais la plume à la main pour vous écrire, il y a déjà un mois an reçu de votre lettre ; mais j’étais pressé et j’ai fait mon procrastinator comme vous dites dans le monde New-Yorkais.
Nous sommes heureux d’apprendre toutes les satisfactions que vous avez trouvées et que vous méritez si bien ; vous avez tout pour vous et par vous, vous savez rendre heureux ceux qui vous entourent et être heureux. C’est assurément en soi-même, qu’il faut toujours chercher les éléments de bonheur dans la vie et le moyen de le donner à ceux qui vous entourent.
Je me réjouis de venir vous voir dans ces éléments de satisfaction et de trouver bébé Glaenzer N°2 ; seulement je me demande quand ce sera !
Je trouve que les choses sont bien éteintes à New-York. Je j’entends plus parler de rien et je commence à être inquiet. Les photographies que je vous avais envoyées
[…] il faut les montrer, au besoin les vendre au cercle enfin que l’on voie ce que nous faisons.
Dites à M.
[Richard] Butler qu’il souffle le feu, il vaudrait même peut-être demander tout simplement l’argent au gouvernement.
Je vous remercie bien de tout ce que vous dites de moi ; mais il ne faut pas oublier que si j’ai été le moteur ; je suis néanmoins une chose très mondaine, il y a dans l’Union Franco-Américaine une manifestation qui est publique, qui se chiffre par cent mille signatures, qui a des noms très considérables pour drapeau.
Nous serons prêts, notre statue sera faite en temps voulu et ce serait presque un affront pour la France, si le piédestal n’est pas fait.
Il y a de temps en temps, des journalistes qui s’informent, je tâche de tourner la difficulté ; mais nous commençons à être bien inquiets.
Tâchez de faire comprendre cela, car au point de vue français, et ce serait bien pénible, nos travaux avancent, nous serons prêts et les américains n’auront rien fait !
Ce serait un peu dure.
J’espère toujours qu’il y aura un réveil ; faites votre possible tâchez de le faire savoir à votre cher beau-père qui rallumera les feux. Je vous envoie ci-joint la photographie d’un buste que vous verrez probablement là-bas, on le trouve réussi !
Sur ce cher ami, je ne causerai pas plus longtemps de peur que cette lettre ne parte pas cette semaine ; j’ai tenu à vous donner de nos nouvelles à vous remercier des vôtres. Ma femme d’être l’interprète de vos souvenirs affectueux auprès de votre chère famille et nous vous serrons la main bien cordialement à travers les flots atlantiques. Votre ami dévoué
Bartholdi »


Bien que le projet naisse en 1870 – il s’agit d’un présent en gage de l’amitié franco-américaine et pour célébrer le centenaire de la déclaration d’indépendance des États-Unis –, ce n’est que dix ans plus tard que la totalité du financement est assurée du côté français. Parallèlement, aux États-Unis, des spectacles de théâtre, des expositions d’art, des ventes aux enchères ainsi que des combats de boxe professionnels sont organisés pour recueillir les fonds nécessaires à la construction du socle, d’où l’inquiétude du sculpteur. La somme est toutefois complète en août 1884.

La statue est finalement inaugurée le 28 octobre 1886.

Georges Glanzer (1848-1915) est le secrétaire de la Commission française de souscription à la Statue de la Liberté. Il est le correspondant régulier de Bartholdi à New York.

Richard Butler (1831-1902) est le secrétaire du Comité américain pour la Statue de la Liberté.