DERAIN, André (1880-1954)

Lettre autographe signée « A Derain » à un monsieur
Lisieux, le 31 mai 1915, 1 p. in-4 sur papier quadrillé

« J’ai été très abandonné des milieux de peinture, je me demande même s’il m’arrivera jamais d’en refaire »

EUR 1.200,-
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Fiche descriptive

DERAIN, André (1880-1954)

Lettre autographe signée « A Derain » à un monsieur
Lisieux, le 31 mai 1915, 1 p. in-4 sur papier quadrillé
Trace de pliure, infimes taches, petites fentes aux plis

Lettre envoyée du front où Derain était mobilisé au régiment d’infanterie de Lisieux. Empreint de désillusions, le peintre s’interroge son propre avenir d’artiste


« Cher monsieur
J’ai été très sensible aux marques d’amitiés que vous m’adressez dans votre bonne lettre.
Et cela d’autant plus que depuis la guerre j’ai été très abandonné des milieux de peinture, je me demande même s’il m’arrivera jamais d’en refaire.
Je serai aussi très reconnaissant si par une mission quelconque vous pouviez me tirer d’ici le plu tôt possible et me faire passer soit dans l’aviation soit dans l’automobile mais je crains que cela ne soit pour vous la source de multiples ennuis.
Mais vous me rendriez un réel service si vous pouviez me faire partir d’ici par n’importe où même aux Dardanelles dans un emploi quelconque ou sur le front.
Enfin je dois vous remercier de plus de l’amabilité que vous avez eu envers ma femme. Croyez à ma gratitude et recevez une cordiale poignée de mains.
A vous
A Derain
26e 119e Lisieux
ll vaudrait mieux que vous connaissiez bien l’étendue des possibilités dont vous pourriez faire usage à l’occasion. »


Au début de la Première Guerre mondiale, Derain est mobilisé dans l’artillerie, au régiment d’infanterie de Lisieux. Il sert en Champagne, dans la Somme, à Verdun, au chemin des Dames jusqu’en 1917. puis dans l’Aisne et les Vosges. Le , il écrit à sa femme Alice : « J’avais toujours pensé, espéré même, tout d’une guerre et je crois que je ne suis tout de même pas à la hauteur. Je n’y comprends rien au fond. Cette guerre continuelle, journalière, sans histoire, est vraiment terrible. C’est pourquoi on n’en sortira difficilement. Jamais on ne comprendra. » Il est donné une fois pour mort.

Salué comme le pionnier d’un nouvel art, le fauvisme, avant la guerre de 1914, il s’oriente après 1918 vers un réalisme au classicisme renouvelé.