LAFORGUE, Jules (1860-1887)

LAFORGUE, Jules (1860-1887)

Manuscrit autographe
S.l., [c. 1881], 1 p. petit in-8°
Marge gauche légèrement effrangée sans atteinte au texte

Remarquable exercice critique du poète sur les peintures de Rubens et Rembrandt

Anciennement de la collection Emma Bardac, Madame Claude Debussy

« Les tableaux, des êtres, des organismes, la concurrence des tons qui se mangent sous les vernis, les tons qui chauffent, changent (blanc en jaune, bleu en vert, blond en roux) et meurent. Les microbes des temps, salle trop chauffée, la poussière se logeant dans les fendillements des vernis, l’humidité.
Thérapeutique et hygiène des tableaux.
Les Rubens, des gens robustes, solidement pétris, immortellement frais dans la simplicité de leur pâte, de leur harmonie, de leur chimie, les Rembrandt des malades maniaques de lèpres appelant les sudorifiques des vernis accumulés sous lesquels ils muent, changent de peau qui craquèle, comme de riches serpents, les pénombres d’hôpital etc.
embaumés dans les vernis, les repeints.
vernis accumulés tout les 20 ou 30 ans, jusqu’au jour où le nettoyage est absolument nécessaire. »

Ce manuscrit ne fut jamais publié du vivant de Laforgue. Si les circonstances exactes de sa rédaction demeurent inconnues, on sait que le poète prenait des notes sur l’art et la peinture lors de ses nombreuses visites au musée du Louvre, au tournant des années 1880. À cette époque, il devient secrétaire de l’érudit collectionneur Charles Ephrussi, directeur de La Gazette des beaux-arts. Laforgue acquiert alors un goût sûr pour la peinture, qu’il développe par une étude approfondie consacrée à Albrecht Dürer.