STAËL (de), Germaine (1766-1817)
Lettre autographe signée « N de Staël H » à Claire de Duras
S.l.n.d. « ce samedi » [septembre 1815], 1 p. in-12° sur papier vergé
« Je vous aime par delà toute reconnaissance »
Fiche descriptive
STAËL (de), Germaine (1766-1817)
Lettre autographe signée « N de Staël H » à Claire de Duras
S.l.n.d. « ce samedi » [septembre 1815], 1 p. in-12° sur papier vergé, à l’encre brune
Adresse autographe au verso [par porteur] : « pour Madame la duchesse de duras »
Légères froissures et salissures, piqué de taches brunes, résidu de cachet de cire noire
Un mot raturé de la main de Madame de Staël
Chaleureuse lettre de Madame de Staël à sa « dear Duchess », en remerciement de son aide à la restitution des deux millions de livres que son père Jacques Necker fut contraint de laisser au Trésor royal en 1790
« que vous êtes bonne ! cette audience je vous la dois et je me sens fort à l’aise de vous la devoir. je vous aime par de là toute reconnaissance. – Pardon de ne pas pouvoir partir, vous êtes une des causes de mon refus. – je ne vous tiens point pour engagée, ainsi vous répondrez quand vous voudrez mais vous êtes engagée pour demain soir. –
Mille hommages
N[ecker] de Staël H[olstein] »
Liée intimement pendant la Première Restauration avec Claire de Duras, qu’elle « avait distinguée entre toutes », Germaine de Staël trouve à la même époque la perle des maris pour sa fille Albertine en la personne du duc de Broglie, grand seigneur républicain. N’ayant d’autre choix que de disposer d’une grande fortune pour que le mariage se réalise, Mme de Staël va s’employer, par l’intermédiaire du comte de Blacas, favori de Louis XVIII, à obtenir l’assurance que le dépôt de son père — les fameux deux millions Necker — lui soit restitué. Napoléon revenu entre-temps de l’Île d’Elbe, Mme de Staël ne peut dès lors que désespérer des Cent-Jours et du fatal ajournement d’un projet qui lui tient tant à cœur. Réfugiée à son château de Coppet, elle écrit à sa « dear Duchess » le 23 avril 1815 : « Ce que j’ai souffert et ce que je souffre est au-delà de ce que je savais de la peine. Ces derniers moments dans lesquels la bonté du roi et de M. de B[lacas] avaient arrangé mon bonheur m’ont rendu plus sensible à cette ancienne douleur qui m’est revenue dans les mêmes lieux sous les mêmes formes. »
La Restauration fraîchement rétablie, Madame de Duras lui adresse une lettre le 1er septembre : « M. de Duras a remis votre lettre au Roi. Rien aujourd’hui ne retarde votre affaire que l’extrême embarras où se trouvent les finances et la difficulté de faire revenir l’abbé Louis sur une résolution quelconque ». La restitution finit par être agréée, celle pour laquelle Madame de Staël lutta toute sa vie.
L’affaire aboutit : le duc de Broglie fit sa demande dans la foulée, et la nouvelle se répandit dans tout Paris et au-delà. Astolphe de Custine écrit à sa mère le 26 septembre : « Albertine se marie donc ! »
Provenance :
Duchesse de Duras
Marquis de Lubersac (par descendance)
Puis collection particulière