[AFFAIRE DREYFUS] SOURY, Jules (1842-1915)

Lettre autographe signée « Jules Soury » à Eugène Fasquelle
S.l, 4 octobre 1904, 1 p. in-8°

« Douze balles de peloton d’exécution pour le traître Juif Alfred Dreyfus »

EUR 3.200,-
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Fiche descriptive

[AFFAIRE DREYFUS] SOURY, Jules (1842-1915)

Lettre autographe signée « Jules Soury » à Eugène Fasquelle
S.l, 4 octobre 1904, 1 p. in-8°
Trace de pliure centrale due à la mise sous pli d’origine

Implacable réquisitoire à l’encontre du capitaine Dreyfus par l’un des plus influents théoriciens de l’antisémitisme


« Toutes mes déclarations publiques antérieures demeurent invariables. Ma conclusion est et sera toujours la même :
douze balles de peloton d’exécution pour le traître Juif Alfred Dreyfus.
Il faudrait être plus immonde encore, s’il était possible, que ce Juif, pour admettre, un seul instant, que les deux Conseils de Guerre de Paris et de Rennes, qui l’ont condamné, et tous les ministres de la Guerre qui l’ont à bon escient déclaré coupable, aient jamais pu errer.
Je le répète, et c’est la un text ne varietur [afin qu’il n’en soit rien changé] :
gracié ou réhabilité, le traître Juif Dreyfus restera dans l’histoire, pour tous les siècles, Dreyfus le traître.
Jules Soury

Ce 4 octobre
Monsieur Eugène Fasquelle »


Un théoricien des races et de l’antisémitisme :
Jules Soury, antidreyfusard ardent aux côtés de Léon Daudet, Charles Maurras, Édouard Drumont ou encore Paul Déroulède, a usé de son influence sur l’opinion public toute l’affaire durant. Il est par ailleurs un proche du général Mercier, l’un des principaux artisans du complot ayant entraîné la condamnation de Dreyfus. Admirateur d’Ernest Renan et professeur à l’École pratique des hautes études de 1881 à 1898, Jules Soury y donne des cours notamment suivis par Maurice Barrès, sur qui il aura une influence décisive.
Persuadé que le déclin de la France subit l’action corruptrice des Juifs, Soury justifie l’antisémitisme dans lequel il voit une « lutte des races » et non une « guerre de religion ». Ses écrits demeurent parmi les plus violents à l’encontre du capitaine Dreyfus. Selon l’historien Zeev Sternhell, les propos de Soury « expriment dans l’ensemble une vision du monde qu’on peut qualifier de prénazie ».

Les événements vont se bousculer à partir de cette année 1904 suite à une lettre d’Alfred Dreyfus adressée Garde des Sceaux. Pouvant compter sur l’indéfectible soutien de ses proches, le capitaine demande la révision du procès de Rennes. La Cour de Cassation entame une procédure en procédant à une enquête minutieuse jusqu’en 1906. Le 12 juillet, la Cour de cassation, toutes chambres réunies, annule sans renvoi le jugement du Conseil de guerre de Rennes, et affirme que la condamnation portée contre Alfred Dreyfus a été prononcée « à tort », mettant ainsi fin à l’infernal marathon judiciaire.

Eugène Fasquelle est le second éditeur de Zola (ainsi que celui de Soury) quand il dirige les éditions Charpentier et Fasquelle, qui ont succédé à la librairie Charpentier, en 1896. Il fait publier La Vérité en marche (paru en février 1901), réunissant les principaux textes d’engagement de l’écrivain dans l’Affaire Dreyfus.


On joint :
Un carte de visite autographe signée deux fois et adressée au même
S.l, 4 oct. 1904, 2 p. in-24°

« Cher Monsieur Fasquelle,
Je crois répondre à votre courtoisie, digne de vous, point de celle de votre prédécesseur, M. G. Charpentier, en vous adressant, à vous, mon principal éditeur, copie de mon testament politique sur l’affaire dont il vous a plu [de] me parler, ce matin, testament dont un exemplaire est dans les mains de mon grand ami M. le général Mercier.
Jules Soury
Je vous prie de me faire la grâce d’accepter de ma main l’article ci-joint de M. H. Rochefort, toujours pour votre édification je ne dis pas votre conversion ; il s’agit encore, dans cet article, de votre tout dévoué,
J.S. »

On se souvient qu’Alfred Dreyfus sera pour le général Auguste Mercier le « criminel en chef ». Ce dernier, convaincu de tenir le coupable sur la seule base d’une expertise graphologique approximative, décide de la culpabilité du capitaine. Il exige par la suite la constitution et la communication, en toute illégalité, d’un dossier secret au Conseil de guerre. Dès Dreyfus condamné par ce même Conseil, il dépose un projet de loi rétablissant la peine de mort pour crime de trahison.

Provenance :
Succession Eugène Fasquelle

Lettre inédite