BLIXEN, Karen (1885-1962)

Lettre autographe signée « Karen Blixen » à Negley Farson
Rungstedlund, Rungsted Kyst, 20.12.1957, 3 pp. in-8°

« La plus grande passion de ma vie a été mon amour pour les africains ! »

EUR 4.500,-
Ajouter à la sélection
Fiche descriptive

BLIXEN, Karen (1885-1962)

Lettre autographe signée « Karen Blixen » à l’écrivain et aventurier américain Negley Farson
Rungstedlund, Rungsted Kyst, 20.12.1957, 3 pp. in-8° sur papier baryté, en anglais

En première page
Tirage argentique (signé par le photographe Lindequist) représentant Karen Blixen et son chien sur le seuil de la porte d’entrée de Rungstedlund, sa résidence danoise

Touchante lettre de Karen Blixen, revenant avec nostalgie sur son passé en Afrique


Traduction de l’anglais

« Cher Negley Farson.-
Merci beaucoup pour votre aimable lettre et pour votre charmant et réjouissant livre [Last Chance in Africa] que je lis avec le plus grand intérêt. Il me semble que je suis d’accord avec vous dans presque tout ce que vous y racontez ! – Comme j’aurais souhaité, quand vous écrivez que vous étiez en compagnie de David Waruhiu [sans doute un membre des Kikuyus], que vous m’ayez aussi eu pour invitée ! – Il y a tellement de choses dont je voudrais vous parler à tous les deux.- J’ai bien sûr commencé par vos chapitres sur l’Afrique.- Je viens de recevoir trois lettres de trois de mes anciens serviteurs, que j’ai quittés il y a 25 ans. Ce sont des gens fidèles. Et je peux dire moi-même que la plus grande passion de ma vie a été mon amour pour les africains !
Hélas, je n’ai pas pu leur procurer autant de bien que je l’aurais souhaité. Pourtant, Sir Philip Mitchell [Gouverneur du Kenya de 1944 à 1952], lorsqu’il a dîné avec moi ici au Danemark, m’a dit que cela aurait pu être une bonne chose, voire nécessaire, si j’eusse pu rester au Kenya !– J’espère que nous nous reverrons,- Faites mois savoir s’il y a une chance que vous veniez au Danemark. Avec mes salutations les plus sincères.
Bien à vous
Karen Blixen »

Texte original

“Dear Negley Farson.-
Very many thanks for your kind letter and for your charming and delightful book [Last Chance in Africa] that I am reading with the very greatest interest. I seem to agree with you in almost everything you say! – How I wish, when you write that you had David Waruhiu to stay with you, that you had invited me with your house as well!- There are such a lot of things about which I should like to talk with you and him.- I did, of course, start with your chapters of Africa.- I have just had three letters from three of my old servants, whom I left 25 years ago. They are faithful people. And I can say myself that the greatest passion of my life has been my love for the Africans! Alas, I was not able to do them much good. Still Sir Philip Mitchell [Governor of Kenya from 1944 until 1952], when he dined with me here in Denmark, told me that it might have been a good, even a useful thing if I had been able to stay on in Kenya!-
I hope that we shall meet again,- please let me know if there is any chance of your coming to Denmark.
With my sincerest regards.
Yours ever
Karen Blixen”


D’origine danoise, Karen Blixen s’installe avec son mari Bror von Blixen-Finecke en Afrique orientale britannique pour y créer, en 1914, une plantation de café. Ils divorcent en 1925. Elle fera une description de ses dix-sept années passées au Kenya dans son livre Out of Africa, paru en 1937 (en français : La Ferme africaine, 1942 – Gallimard).
L’écrivain dresse de touchants portraits de ses serviteurs dans son ouvrage. Ils lui restèrent fidèles et conservera avec eux des liens épistolaires, comme en témoigne cette lettre. Elle finit par rentrer au Danemark en 1931 pour rejoindre le domaine familial de Rungstedlund.
Ruinée, sentimentalement désespérée et après avoir dû quitter sa ferme et l’Afrique, Karen considère à ce moment-là son expérience de ferme africaine comme un échec total. Pour combler le vide de sa vie, elle se met à écrire en anglais, au seuil de la cinquantaine. « Personne n’a payé plus cher son entrée en littérature », dira-t-elle plus tard.

Les lettres de Karen Blixen sont peu communes