BRAQUE, Georges (1882-1963)

Lettre autographe signée « G Braque » à un « cher ami »
Paris le 4 juin 1943, 2 pp. in-8°

« La nature ne nous donne pas le goût de la perfection, on ne peut la concevoir ni mieux ni plus mal »

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Fiche descriptive

BRAQUE, Georges (1882-1963)

Lettre autographe signée « G Braque » à un « cher ami »
Paris le 4 juin 1943, 2 pp. in-8°
Trace de pliure centrale, petit manque en marge inférieure, sans atteinte au texte

Belle lettre de Braque annonçant la sortie prochaine d’un livre à lui consacré et métaphorisant sa vision de la peinture


« Mon cher Ami
Nous ne vous écrivons pas souvent mais Tess porte et apporte des nouvelles, ce qui nous fait plaisir de savoir ce que vous faites. C’est bien de savoir que vous n’êtes plus menacé d’une opération. D’autant que
[ce] sont quelques ménagements cela ne vous empêche pas de travailler. Nous espérons voir bientôt ce que vous avez fait.
De mon côté je crois que je n’ai jamais autant travaillé que durant cette période. J’étais même arrivé à un point où j’ai dû prendre quelques semaines de repos à la campagne que je prolonge ici.
La vie artistique ici comme vous le savez
[est] bien animée.
Expositions, concerts, publications sont en abondance. On prépare sur moi un livre avec texte de Paulhan [Braque le patron,
éd. Les Trois Collines, 1946] qui sera suivi de mes réflexions.
Voici la dernière que j’ai noté
” La nature ne nous donne pas le goût de la perfection, on ne peut la concevoir ni mieux ni plus mal “
Pascal a dit on plaint celui qui perd un œil mais personne ne souhaite en avoir trois et Erik Satie
[dont Braque était un ami intime] à propos de l’amélioration de la race chevaline souhaitait pour le cheval une cinquième patte pour freiner.
Je crois que cela a quelque rapport avec la peinture.
Nous vous envoyons pour vous deux mille bonnes choses.
G Braque »


Même s’il dit n’avoir « jamais autant travaillé que durant cette période », la Seconde Guerre mondiale inspire à Braque ses œuvres les plus graves. C’est cloîtré dans son atelier que l’artiste se consacre au thème des Intérieurs avec un retour en force du noir qui donne une impression de dépouillement et de sévérité. La guerre est pour Georges Braque synonyme d’austérité et d’accablement. À ce moment-là, « il n’y a guère de place pour l’émulation dans la vie de Braque : ni concours, ni discussion, ni travail en commun. C’est dans le secret qu’il entreprend ». Une femme assise devant un jeu de cartes, vue de profil, titrée La Patience, illustre à cette époque son état d’esprit.