[CÉLINE] Capitaine Schneider & Colonel Blacque-Belair

Deux cartes-lettres autographes signées (Ledringhem, 2 & 27 déc. 1914)
Carte-lettre autographe signée « Schneider » et « Colonel Blacque-Belair »

« J’ai été content d’avoir pu faire obtenir à votre fils la médaille qu’il méritait moins pour sa blessure que pour son courage »

EUR 3.900,-
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Fiche descriptive

[CÉLINE] Capitaine Schneider & Colonel Blacque-Belair

Deux cartes-lettres autographes signées [Correspondance des Armées de la République] :

Carte-lettre autographe signée « Schneider » à Louis Destouches
« Ledringhem (nord), le 2 décembre 1914 », 1 p. petit in-8° oblongue
Adresse autographe au recto :
« [M]al des Logis Destouches du 12e Cuirassiers / Hôpital auxiliaire n°5 Hazebrouck »

Carte-lettre autographe signée « Colonel Blacque-Belair » à Monsieur [Fernand] Destouches
S.l, « 27.12.1914 », 1 p. petit in-8° oblongue
Adresse autographe au recto :
« [M]onsieur Destouches / 11 rue Marsollier / Paris »
Petites taches superficielles, cachets postaux

Deux importants témoignages relatifs à la blessure et la médaille militaire du maréchal des logis Destouches


Capitaine Schneider à Louis Destouches
« Mon Cher Destouches, je reçois à l’instant votre lettre de l’hôpital d’Hazebrouck et je suis désolé que votre blessure soit aussi grave ! Espérons néanmoins que les conséquences ne seront pas ce que vous craignez, et qu’après la guerre, en vous soignant, vous pourrez vous rétablir complètement. Je le souhaite bien vivement pour vos parents et votre situation. J’ai donné de vos nouvelles au Colonel et au docteur. Je serai toujours très heureux d’en avoir, – et de meilleures !
Au revoir, mon cher Destouches, et croyez-moi toujours bien affectueusement vôtre.
Schneider »

Colonel Blacque-Belair à Fernand Destouches
« Monsieur Je vous remercie de votre aimable lettre. J’ai été content d’avoir pu faire obtenir à votre fils la médaille qu’il méritait moins pour sa blessure que pour son courage. Qu’il prenne tout son temps pour se guérir. La campagne n’est pas finie.
Veuillez croire à mes meilleurs sentiments.
Colonel Blacque-Belair »


27 octobre 1914 : date charnière
Mobilisé depuis le 20 octobre 1914 autour du village Poelkapelle, à une dizaine de kilomètres au nord d’Ypres, le maréchal des logis Louis Destouches se déclare volontaire le 27 pour partir à la tête d’un petit peloton. Sur des paysages presque parfaitement plats où les balles pouvaient parcourir de longues distances, Destouches est blessé une première fois, projeté contre un arbre par le souffle d’un éclatement d’obus. Poursuivant sa mission, il est ensuite atteint d’une balle ricochante, fracturant l’os de son bras droit. Il gardera des séquelles à vie de l’une et l’autre blessure : névrite et invalidité partielle du bras droit, vertiges de Ménière et bruits permanent dans le conduit auditif. Céline évoque cet épisode dès les premières lignes de Guerre (Gallimard, 2022) : « J’ai toujours dormi ainsi dans le bruit atroce depuis décembre 14. J’ai attrapé la guerre dans ma tête. Elle est enfermée dans ma tête ».

Le capitaine Schneider commandait le deuxième escadron du 12e cuirassiers dans lequel Louis Destouches avait été affecté au moment de son engagement, en mai 1912. L’officier connaissait Fernand Destouches, le père de Louis, et le tenait régulièrement informé de la conduite de son fils et de son moral.

Henri Blacque-Belair venait de prendre, en décembre 1914, le commandement du 12e cuirassiers. Issu d’une grande famille, il était une figure connue de l’armée et de la bonne société parisienne. Il restera pour Céline, qui ne l’approcha sans doute que de loin, une figure prestigieuse et quasi tutélaire. C’est par son intermédiaire que le soldat Destouches se voit remettre, le 25 novembre 1914, la médaille militaire qui lui est décernée par Joffre, général commandant en chef. La mention indique : « En liaison entre un Régiment d’infanterie et sa brigade, s’est offert spontanément pour porter sous un feu violent un ordre que les agents de liaison de l’infanterie hésitaient à transmettre. A porté cet ordre et a été grièvement blessé au cours de sa mission. »
Dans sa biographie Céline (Gallimard, 2011), Henri Godard rappelle « qu’il n’est pas un des romans écrits après 1945 dans lequel blessures et médaille, témoins d’une nouvelle vie commencée […], ne soient rappelées et utilisées comme éléments de sa défense. »

Rares et précieuses reliques céliniennes

Provenance :
Vente d’autographes, Drouot, 5 juin 1992, n°29, collections Danière et Patrice Campesato

Bibliographie :
Lettres, éd. Henri Godard et Jean-Paul Louis, Pléiade, 2009, n°14-42b et 14-42f – Céline, éd. Henri Godard, 2011, p. 66-69