COCTEAU, Jean (1889-1963)

Lettre autographe signée « Jean Cocteau » avec quatrain poétique, adressée à un critique
Maisons-Laffitte, [1910], 4 pp. in-12 carré

 « On m’avait reproché jadis d’être trop triste, et d’être un vieux de 19 ans »

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Fiche descriptive

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Lettre autographe signée « Jean Cocteau » avec quatrain poétique, adressée à un critique
Maisons-Laffitte, [1910], 4 pp. in-12 carré, en-tête Place Sully – Maisons-Laffitte
Petites traces d’onglet sur la 4ème page, infimes décharges d’encre

Longue et précieuse lettre du jeune Jean Cocteau, avec quatrain, au sujet de ses recueils poétiques La Lampe d’Aladin et Le Prince frivole


« Cher monsieur et ami,
De tous les articles sur “Le Prince”, le vôtre seul m’intéressait vraiment – le voilà paru, il dit tout haut bien des choses que je pense “déjà” tout bas ! L’excessive jeunesse du volume me permet de vous crier en claquant l’index et le pouce : “Je ne recommencerai plus !”. Seulement, j’avais à tel point écrit chaque poème sans le moindre “tarabiscotage” d’imagination que je lui croyais une allure plus simple et plus sincère. Je le voulais petit. C’est en effet une grosse erreur que d’avoir mis une esquisse un peu large après la miniature liminaire :
          “On m’avait reproché jadis d’être trop triste
              Et d’être un vieux de 19 ans,
          Maintenant on m’en veut de rire à tous les vents
              Et l’on me trouve trop “artiste” !”
Cette gaudriole naturellement pas pour vous qui vous êtes montré si “merveilleux” pour mon humble “lampe”.
Je ne sais comment vous exprimer ma reconnaissance. Être discuté par vous prouve une valeur que je n’aurais jamais osé me reconnaître et cela me donne confiance. Aucune de vos lignes ne tombent dans les yeux d’un aveugle et je crois que si je mérite un jour vos louanges complètes, ce sera beaucoup grâce à l’article de ce matin.
Jean Cocteau »


Jean Cocteau est issu d’une riche famille parisienne, qui a soutenu sa carrière artistique. Certaines biographies suggèrent toutefois que sa fortune lui aurait permis de quitter le foyer familial dès son quinzième anniversaire. Il publie son premier recueil de poèmes à compte d’auteur en 1909, La Lampe d’Aladin, inspiré des Mille et Une Nuits. Il se fait alors connaître dans les cercles artistiques bohème, comme Le Prince Frivole. C’est d’ailleurs le titre de son second recueil de poèmes, paru en 1910.
Plus tard, sa rencontre avec Serge Diaghilev, qu’il veut étonner, marque la première crise dans son œuvre : il renie ses recueils de poèmes et se rapproche de l’avant-garde cubiste et futuriste.

Les lettres de Cocteau datant de la Belle Époque sont peu communes.