[HUGO] Juliette DROUET (1806-1883)

Lettre autographe signée « Juliette » à Victor Hugo
S.l.n.d [Paris, 13 janvier 1851], 4 pages in-8 sur bifeuillet

« Un très bon toto quoi qu’aimant beaucoup trop les jeunes cocottes… »

 

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Fiche descriptive

[HUGO] Juliette DROUET (1806-1883)

Lettre autographe signée « Juliette » à Victor Hugo
S.l.n.d [Paris, 13 janvier 1851]
4 pages in-8 sur bifeuillet
Petites froissures, infime déchirure sur pliure centrale inférieure

Longue lettre de Juliette Drouet à Victor Hugo sur fond de politique et de jalousie.


« 13 janvier lundi matin 8h

Bonjour, mon bien aimé, bonjour, mon cher amour, bonjour. Comment vas-tu ce matin ? Tu ne te ressens pas de la fatigue d’hier ? Ta gorge n’a pas souffert de ce parlage forcé ? J’espère que non mais je regrette de n’avoir pas été assez membre de la gauche pour assister à cette séance où vous n’aurez pas manqué de dire de bonnes et d’admirables choses… Quand je pense à quoi s’est passé mon dimanche j’en suis furieuse. J’avais tant compté sur lui pour me rabibocher de ma triste et maussade semaine que je suis toute déconfite de ma déception. Sans Vilain qui est venu le soir je n’aurais même pas eu l’Evénement. Grâce à lui j’ai pu me régaler de cette rédaction instructive et morale et jouir de la volée de bois vert distribuée à tour de plume par Vacquerie sur la vielle échine de l’académie. 

J’avoue que ce moment a été très agréable mais trop court. Je suis comme le titi des funambules : Sans ce monsieur qui a montré son………………….. Il n’y aurait pas eu moyen d’y tenir, parole d’honneur. J’y ai tenu grâce à Vacquerie et à F. V. Hugo cependant je vous aurais encore donné la préférence si j’avais eu le choix.

Le jeune Vilain s’est retiré à 11h et moi je me suis couchée comme une pauvre vielle Juju que je suis. Si vous croyez que c’est là ce qui rend une femme heureuse vous vous trompez joliment. C’est si vrai qu’il y a des moments où je donnerais ma vie pour deux sous. Cela ne m’empêche pas de reconnaître que vous ne soyez un très bon Toto quoi qu’aimant beaucoup trop les jeunes cocottes et les premières représentations, mais vous n’avez pas la prétention d’être plus parfait que l’apôtre Jean Journet et vous êtes un peu moins bête malheureusement. Baisez-moi. Tenez et laissez-moi exhaler ma tristesse comme je peux car je vous aime trop ça n’est pas gai. Juliette »


Dans cette lettre, Juliette Drouet, cite le sculpteur Victor Vilain (1818-1899), qui réalise notamment en 1847 un buste de Adèle Hugo et un autre de Juliette Drouet, lors de son séjour sur l’île de Guernesey, en 1860.

Juliette Drouet cite aussi le journal L’Évènement, quotidien du soir fondé en juillet 1848 par Victor Hugo. Ce journal est notamment destiné à soutenir la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République, au moment même où Hugo est élu le 13 mai 1849 à l’Assemblée législative (à la tribune de laquelle il prononce son célèbre discours sur la misère dans laquelle vit une grande partie de la population). Il devient par la suite le principal journal d’opposition face aux dérives conservatrices du pouvoir.