[DUMAS] Ferdinand DUGUÉ (1816-1913)

Manuscrit autographe signé « F Dugué »
S.l.n.d [1870], 2 p. in-8°

« D’Artagnan a vaincu la mort !… »

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Fiche descriptive

[DUMAS] Ferdinand DUGUÉ (1816-1913)

Manuscrit autographe signé « F Dugué »
S.l.n.d [1870], 2 p. in-8°
Quelques ratures et corrections de la main de l’auteur

Fameuse éloge funèbre d’Alexandre Dumas père par Ferdinand Dugué, au nom de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques


« Messieurs,
La Commission des Auteurs et Compositeurs Dramatiques m’a délégué ce grand honneur d’adresser en son nom un dernier adieu à l’homme illustre qui a rempli le monde de sa renommée et j’accomplis avec respect ce devoir douloureux, tout en regrettant qu’un voix plus autorisée que la mienne ne se fasse pas entendre au bord de cette fosse.
Tâche difficile, messieurs !… que dire, en effet, de celui qui a tout dit ? […] Comment peindre celui qui s’est peint et raconté lui même en tant d’esquisses et de portraits qui de populaires vont devenir historiques ? […] et puis, il faut bien l’avouer, l’imagination hésite et se glace devant ce critique formidable qui s’appelle la mort !…
Ce que je veux dire pourtant, ce qu’il importe de dire avant tout, c’est le regret poignant qui s’échappa de toutes les bouches, la douleur inouïe qui remplit tous les cœurs, lorsque éclatât cette lugubre nouvelle : Dumas est mort ! Vous vous en souvenez n’est-ce pas ? et l’émotion cruelle de sa perte nous accable encore tous […] Pour la France déjà si terriblement éprouvée [allusion au Siège de Paris], ce fut comme une calamité nationale, comme un nouveau et dernier désastre… irréparable, celui là !… […]
Ah…! C’est que son génie se doublait de bonté ! C’est qu’avant de l’admirer on l’aimait !… […] Il y a bien une louange qui est bien à la taille de Dumas, c’est celle qu’on peut faire de son cœur ! […]
Notre brave Dumas ! Ne vous semble-t-il pas, en vérité, qu’il soit encore là au milieu de nous, dominant de sa tête puissante la foule recueillie ? Son franc sourire s’épanouit, sa large main se tend vers les nôtres et nous croyons en sentir la mystérieuse étreinte….
Et ce n’est pas une illusion, messieurs, c’est une réalité ! De ce tombeau noir où l’ont descend nos mains pieuses, où l’accompagnent nos prières, un rayon se dégage, un espoir s’envole… D’Artagnan a vaincu la mort !… Le maître, si cher à nos cœurs, revit tout entier dans le fils qui continue son œuvre et agrandit sa gloire !…
F. Dugué »


Dumas décède le 5 décembre 1870 après un accident vasculaire l’ayant laissé paralysé en septembre de la même année. Ses obsèques ont lieu le 8 décembre à Neuville-lès-Pollet. Après la Guerre de 1870, son fils fait transporter le corps à Villers-Cotterêts en avril 1872. Le transfert de sa dépouille au Panthéon est effectuée le 30 novembre 2002, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.