ÉLUARD, Paul (1895-1952)
Poème autographe, en l’honneur de Gabriel Péri
S.l.n.d [après 1945], 1 p. in-folio (30,9 x 20,9 cm)
« Péri est mort pour ce qui nous fait vivre / Tutoyons-le sa poitrine est trouée »
Fiche descriptive
ÉLUARD, Paul (1895-1952)
Poème autographe, en l’honneur de Gabriel Péri
S.l.n.d [après 1945], 1 p. in-folio (30,9 x 20,9 cm)
Traces de pliures d’époque
Bouleversant poème de Résistance, issu du recueil Au rendez-vous allemand, en l’honneur de Gabriel Péri
« Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd’hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d’amies
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
Tutoyons-le sa poitrine est trouée
Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-nous son espoir est vivant »
Circulant d’abord clandestinement pendant la guerre, ce poème fut publié en 1944 dans l’un des plus célèbres recueils du poète : Au rendez-vous allemand. Il sera par la suite repris
dans l’Humanité, Parrot, Paul Éluard, 1953, p. 147, le Sang des poètes et le recueil 84, Gabriel Péri.
Grande figure de la Résistance, Gabriel Péri (1902-1941) entra à l’Humanité en 1934. Membre du Comité central du Parti communiste (1929), député de Seine-et-Oise en 1932, il devint, en 1936, vice-président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre. Animateur des Cahiers clandestins du parti communiste pendant l’occupation, il fut arrêté en mai 1941 et fusillé par les allemands au Mont Valérien le 15 décembre de la même année.
Ce poème apparaît comme la célébration d’un martyr, il exalte parallèlement les valeurs de la vie et souligne la fraternité à laquelle elles invitent. A l’image de tout le recueil, Éluard perpétue le souvenir et appelle à la Résistance.
Bibliographie :
Paul Éluard, Œuvres complètes, éd. Marcelle Dumas et Lucien Scheler, Pléiade, t. I, p. 1262
Provenance :
Archives Louis Aragon