GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Lettre autographe signée « Edmond de Goncourt » à une dame
S.l, 5 7bre [septembre] [18]93, 2 p. in-8°

« Le cercueil de Jules est resté intact, et il y a donc maintenant, sans creusement nouveau, une place pour Edmond de Goncourt »

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Fiche descriptive

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Lettre autographe signée « Edmond de Goncourt » à une dame
S.l, 5 7bre [septembre] [18]93, 2 p. in-8°

Goncourt s’attire les foudres de Madame Daudet et rêve de Sarah Bernhardt pour le rôle-titre de sa prochaine pièce de théâtre Faustin


« Chère Madame,
Je vous écris sous un sentiment de tristesse. Blanche [Blanche Passy, amie d’enfance de son frère Jules] est en train à grands coups de marteau, de fermer ses caisses qui rempliront un wagon, et le départ de cette pauvre folle que j’ai vue gamine me remplit d’ennui. Et je sens par ce départ la maison qui se décolle. Il y a une remplaçante dont au bout de huit jours Pélagie [Pélagie Denis, sa nouvelle domestique] est déjà fatiguée, écœurée…
J’ai passé cinq semaines chez les Daudet qui ont été toujours très charmants, mais à mon retour j’ai reçu une lettre légèrement furibonde de Mme Daudet, à propos d’une interview du Figaro où j’avais dit que l’homme de lettres devait rester célibataire ; enfin le courroux de mon amie s’est un peu calmé.
Je pars demain pour [le château de] Jean d’Heurs, avec le désir d’en être revenu, et de me trouver en octobre.
Je n’ai pas eu de crises depuis mon retour […] j’ai travaillé beaucoup et sur les huit tableaux que doit avoir la Faustin [La Faustin-pièce, qu’il écrivit à l’été 1893], j’en ai fait six.
Ah si vraiment j’avais pour interprète Sarah Bernhardt, il y a un beau rôle pour elle !
Donnez-moi ces jours-ci des nouvelles…
Votre bien affectionné
Edmond de Goncourt »

Nous joignons :
S.l.n.d [Paris, vers le 18 juillet 1896], 2 p. in-12°

Une lettre autographe signée de Gustave Geoffroy à Léon Hénnique, écrite dans les jours qui suivirent la mort de Edmond de Goncourt

« Cher ami,
Vous avez très bien fait de m’envoyer au cimetière. [Eugène] Carrière m’a accompagné.
Nous avons fait réunir les restes du père et de la mère, le cercueil de Jules est resté intact, et il y a donc maintenant, sans creusement nouveau, une place pour Edmond de Goncourt. L’inhumation est fixée à mercredi 5 août 8h du matin. Mais d’ailleurs le marbrier doit vous voir. J’écris à Daudet et à [Gustave] Toudouze en même temps qu’à vous. Je crois nécessaire que vous vous entendiez avec Daudet pour régler les invitations à la famille et aux amis.
Si vous avez besoin de moi, un mot, et je passerai chez vous, ou ailleurs, demain dimanche, le soir.
Affectueusement votre
Gustave Geoffroy
Toudouze était bien 40, rue de Petersbourg ? Si je me trompe, écrivez-lui ou voyez-le. »


Goncourt commence la rédaction de Faustin à l’été 1893. Il semble satisfait de sa pièce, comme en témoigne une lettre à Daudet au début du mois de septembre : je crois vraiment la pièce originale ». Il achève la rédaction le 28 septembre, épuisé et malade. Toujours à Daudet, il confie « Sur le 8eme tableau de la Faustin qui n’était qu’ébauche, et que j’ai terminé malgré tout, je vous écris en rangeant mes papiers qu’en cas de malheur je vous prierai de parachever ».

« Il y a un beau rôle pour elle ! »
Goncourt propose en effet le rôle à Sarah Bernhardt le 17 octobre suivant. Commencent alors les ennuis, difficultés et déceptions alternés qui sont le lot de tous les projets théâtraux, et qui dureront jusqu’à la mort de l’écrivain, laissant en suspens cette Faustin qui ne sera jamais jouée, à son grand désespoir.
La pièce ne sera publiée qu’en 1910 dans la Revue de Paris par Léon Hennique, président de l’Académie Goncourt.

L’écrivain meurt d’une embolie pulmonaire fulgurante à Draveil dans la villa de son ami Alphonse Daudet. Il est inhumé auprès de son frère cadet Jules à Paris, au cimetière de Montmartre. Assistent à son enterrement Montesquiou, Barrès, Poincaré, Clemenceau, Tristan Bernard, François Coppée, Heredia, Catulle Mendès, Schwob, Jourdain, la princesse Mathilde, entre autres. Émile Zola prononce son oraison funèbre.

Référence Bibliographique :
Les Goncourt et le théâtre, Mireille Dottin-Orsini, n°13, 2006, p. 131-152