HUGO, Victor (1802-1885)

Brouillon de poème autographe sur un copeau
S.l.n.d [Guernesey, 1859], 1 p. in-8 carrée (140 x 145 cm)

« Qu’importe Ô traître ! à bout portant mon livre te fusille ! »

EUR 9.500,-
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Fiche descriptive

HUGO, Victor (1802-1885)

Brouillon de poème autographe pour Les Nouveaux Châtiments
S.l.n.d [Guernesey, 1859], 1 p. in-8 carrée (140 x 145 cm)
19 vers très engagés, biffés d’une croix, Victor Hugo a porté le titre « Copeaux » au verso
Petites corrosions d’encre

Précieux brouillon d’un poème à charge à l’encontre de Napoléon III, paru dans Les Nouveaux Châtiments


« Tu n’échapperas point. Fais ce que tu voudras.
Fais-toi, dans le prétoire et dans la sacristie.
Chanter un Te Deum en guise d’amnistie
Par Troplong courtisane et Sibour courtisan
Chache-toi sous les Oui du pauvre paysan
Qui ne sait que le soc, la bêche et la faucille.
Qu’importe O traître ! à bout portant mon livre te fusille !
La vérité sinistre ouvre son feu roulant ;
L’histoire montre ton nom noir, plus croulant, plus sanglant.
Plus hideux, plus criblé que le mur de Grenelle ;
Nous mettons devant toi le siège, va, crénélé
Ton empire caverne, ô l’empereur bandit !
Ferme ta forteresse et reprends toi, c’est dit,
Nous l’allons écraser de nos vers projectiles.
Fais en d’abord sortir les bouches inutiles,
Veuillot, Jacquot, Nisard, tous ces bavard mangeurs.
Si chétifs que ton vers dans ses ongles vengeurs
Prend à regret leurs noms, strophe, et que tu les lâches.
Trouvant les uns trop vils et les autres trop lâches ! »


Après la première édition des Châtiments, parue à Genève, New York et dans une version expurgée à Bruxelles en 1853, Victor Hugo rédige ce poème à Guernesey en 1859. Il s’adresse ouvertement à Napoléon III. Le poème est publié pour la première fois à Paris en 1910, dans l’édition posthume dite « de l’imprimerie nationale », réalisée par Ollendorff.

L’aspect du poème sur ce copeau, est presque celui d’une mise au net. Victor Hugo l’a déposé sur le papier d’une graphie plus appliquée que celle de ses brouillons de travail. Le texte comporte toutefois quelques corrections, moins d’une dizaine de biffures. Il est cependant plus court que la version définitive, ne comptant en effet que dix-neuf vers contre vingt-huit. Les neuf vers supplémentaires seront intercalés entre le premier et le deuxième vers de cette version. Ce poème présente par ailleurs des variantes significatives par rapport à l’édition publiée. Ainsi, le mot « prétoire » est utilisé à la place de « Sénat » dans :
« Fais-toi, dans le prétoire et dans la sacristie. 
Chanter un Te Deum en guise d’amnistie »

Certains vers seront aussi rabotés, comme « Qu’importe O traître ! à bout portant mon livre te fusille » et « L’histoire montre ton nom noir, plus croulant, plus sanglant », où disparaîtra « Qu’importe » et où « L’histoire montre… » sera remplacés par « Qu’il s’enferme dans son fort ».

Références :
– Chantiers des Oeuvres complètes – Laffont, t. I, p. 62
– Hugo. Œuvres complètes. Paris, 1904-1952, volume XVIII