JAURÈS, Jean (1859-1914)

Manuscrit autographe signé « Jean Jaurès »
[Paris], c. 1er avril 1905, 12 p. in-4°

« Plusieurs groupes républicains se préoccupent des moyens d’assurer le vote rapide de la loi de séparation des Églises et de l’État »

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Fiche descriptive

JAURÈS, Jean (1859-1914)

Manuscrit autographe signé « Jean Jaurès »
[Paris], c. 1er avril 1905, 12 p. in-4°
Petites taches, trous d’épingle, annotations typographiques au crayon bleu par un prote

Manuscrit complet d’un article relatif à la célèbre loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, paru en une de L’Humanité du 2 avril de la même année, à quelques jours des décisifs débats à la Chambre des députés


« Plusieurs groupes républicains se préoccupent des moyens d’assurer le vote rapide de la loi de séparation des Églises et de l’État. Il en est deux et qui sont décisifs. Le premier c’est de proclamer que la majorité républicaine est résolue à aboutir, quelle n’ira en vacances qu’après le vote complet de la loi qu’elle siégera s’il est nécessaire, jusqu’au 1er mai, date de l’ouverture des conseils généraux, tous les jours et deux fois par jour.
Le second c’est de tenir ferme, comme centre nécessaire de ralliement, au texte sur lequel la commission et le gouvernement seront d’accord. Hors de là, il n’y a que chaos, impuissance, avortement. Il n’est point inutile que des contre-projets et des amendements multiples aient été déposés. Ils permettent à la commission de se rendre un compte plus exact, sur quelques points, des préoccupations de la Chambre […]
Ceux qui à cette heure proposent de soumettre toute la loi à une hâtive délibération des groupes de gauche commettent une singulière erreur de méthode. La délégation des gauches au eu compétence pour donner à l’action politique du Parlement une impulsion générale. Elle n’a pas qualité pour résoudre, en quelques heures, les difficultés d’application que soulève un problème aussi complexe que la séparation. Ce problème, la majorité républicaine de la commission l’a étudié à fond. Les divers auteurs d’amendement ou de contre-projets cèdent à une illusion bien naturelle quand ils s’imaginent apporter une solution nouvelle […] Tout ce qui tiendrait maintenant à affaiblir, à dessaisir moralement la commission, à ébranler les bases de son travail serait funeste. Et qui donc pourrait se flatter d’improviser en quelques séances de délégation un projet à l’abri de toute critique ? On n’aboutirait qu’à infirmer le projet de la commission sans être en état d’en construire un autre. Tous les systèmes se déchaîneraient et aussi toutes les intrigues. Encore une fois, il n’y a désormais pour la majorité républicaine, qu’un moyen d’aboutir. C’est de rester groupée autour de la commission à qui elle avait donné mandat. Tout autre méthode n’aboutira qu’à la dispersion, l’incertitude et le néant.
Jean Jaurès »


La loi de Séparation de l’Église et de l’État, mesure emblématique de la IIIème République, doit énormément à l’action des socialistes. Trois d’entre eux ont particulièrement contribué à la conception, à l’inflexion démocratique, et à l’adoption de la loi en décembre 1905 : le jaurésien Aristide Briand, qui en fut le rapporteur émérite, le manœuvrier qui a mené la Commission des trente-trois où il voulait la conduire, Francis de Pressensé, l’inspirateur, l’initiateur du processus législatif, et le député du Tarn, Jean Jaurès, le chef reconnu,qui a montré la voie et est intervenu dans les moments décisifs.
Durant les trois mois et demi que durent les discussions à la Chambre des députés, de la mi-mars jusqu’aux premiers jours de juillet 1905, les 44 articles de la loi de Séparation sont discutés durant 48 séances et 289 amendements sont déposés et examinés, de février à juillet 1905.

Bibliographie :
L’Humanité, n° 350, dimanche 2 avril 1905, p. 1