LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Lettre autographe signée « Lamartine » à un collègue
43 rue Ville-Evêque, Paris, 30 janvier 1856, 4 p. in-8

« Vous seriez le Platon des politiques. Mais le tems veut des Machiavel »

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Fiche descriptive

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Lettre autographe signée « Lamartine » à un collègue
43 rue Ville-Evêque, Paris, 30 janvier 1856, 4 p. in-8
Déchirure au niveau de la pliure centrale en marge droite et affectant la visibilité d’un mot

Belle lettre dans laquelle Lamartine livre un regard acerbe sur la politique du Second Empire


« Cher collègue, J’ai vu le jour de mon arrivée votre fils. Il vous aura dis notre conversation pour votre beau et bon livre. Vous seriez le Platon des politiques. Mais le tem[p]s veut des Machiavel. Quant à moi je suis sans vous de cœur et d’esprit puisque nous ne saurons dompter les faits réfugiés dans les idées et que les idées nous mènent de plus en plus à dieu. Continuez à penser et à écrire, ce n’est pas le conseil d’un flatteur mais d’un ami à Saint Puys auquel vous faites un grand bien. Pourquoi la démocratie inexpérimentée et excessive souvent en 1848 n’a-t-elle pas dès les premiers jours de tribune reconnue comme moi dans votre accent celui d’un sage et par là même celui d’un vrai politique ? Vous deviez naître en Amérique du tem[p]s de Franklin et de Washington. Pour moi je voudrais n’être pas né du tout. J’en ai par-dessus mes forces des angoisses de ce bas monde. Je viens d’être atteint en deux mois et en pleine sérénité de quatre cent vingt mil francs de désastres. J’ai recours encore au travail, il n’y a pas de milieu entre le désespoir et le travail, je travaille donc. Voici Mr D[…] P[…] que Je vous recommande pour vos amis de Lyonne, pourriez vous le faire insérer huit ou dix fois dans votre journal le plus répandu. Je paierai la somme qu’on me dira. Recommandez-le également à notre excellent ami bien digne ce bon M Rouhal, j’ai oublié le nom de son village mais pas lui. L’autre nuit en dormant à Laroche je pensais bien à vous et si j’avais été paisible et libre j’aurais été frapper à la porte de votre verger. Mais les wagons et les affaires commandent. La pensée seule est à nos amis. Mille amitiés à vous et mille respect, mon admiration, soins et charités qui embellissent et consolent votre solitaire Lamartine »


Marqué par des problèmes d’argent incessants, Lamartine vit une époque difficile dès le début du Second Empire. Nostalgique d’une Seconde République trop éphémère pour avoir fait ses preuves (et pendant laquelle il est ministre des Affaires étrangères moins de trois mois), il se livre ici avec une certaine amertume sur la politique menée par Napoléon III, mais sans la nommer.