LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)
Lettre autographe signée « Lamartine » [à Jean-Marie Dargaud]
[Château de] Monceau, 25 [août 1850], 4 p. in-8°
« Je sais bien que les inconvénients d’humeur disparaissent après la mort et qu’il ne reste que la mémoire des vertus loyales et de l’attachement »
Fiche descriptive
LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)
Lettre autographe signée « Lamartine » [à Jean-Marie Dargaud]
[Château de] Monceau, 25 [août 1850], 4 p. in-8°
Traces de pliures inhérentes à l’envoi d’origine, ancienne trace d’onglet, fente au pli central en marge inférieure, petites taches
Belle lettre inédite de Lamartine, écrite quelques jours après son retour de voyage en Orient
Provenant de la bibliothèque Hubert Heilbronn
« J’arrive. Je reçois votre mot. J’y réponds au bruit des fusillades qui fêtent ruralement mon retour. Hélas, je vais vendre ces cœurs en vendant ces terres où nous sommes si aimés.
Champeaux est mort en mer, enseveli la nuit, comme vous dites, dans la tombe humide, militairement, mais avec la triste solennité de cette sépulture à la mer. Sa mémoire avait là clergé, soldats et amis. Je pensais à vous. Ce n’était pas le choléra, mais une maladie au cœur ancienne et invétérée. Nous avions deux bons médecins ; il n’a pas souffert.
Je sais bien que les inconvénients d’humeur disparaissent après la mort et qu’il ne reste que la mémoire des vertus loyales et de l’attachement ; il en avait pour vous et pour nous. J’en garde le vide et le respect.
Adieu, mon cher ami. J’ai deux cents lettres et pas deux heures. Excusez-moi.
Mon domaine asiatique est superbe ; mais je n’ai pas un sou pour le féconder. Si M. Lefèvre voulait, en 4 ans il nous enrichirait tous les deux. Tout rend 50 pour cent et l’espace a 20 lieues de tour, fertile comme un oasis.
Ne viendrez-vous pas nous voir en octobre ? Je vais à Londres après le conseil général.
Adieu. Ma femme va bien mieux.
Lamartine »
Félix Palasne de Champeaux (1797-1850) avait servi occasionnellement de secrétaire à Lamartine, dont il était devenu ami. Il accompagne celui-ci lors de son voyage en Orient, dans la région de Smyrne, où l’ancien diplomate avait négocié la concession d’un immense domaine qu’il ne put jamais mettre en valeur. Champeaux n’en reviendra pas : cardiaque, le malheureux contracte une maladie meurt pendant la traversée du retour, le 3 août, à bord du Mentor. Faute de pouvoir accoster en Corse pour cause de quarantaine, et en raison des fortes chaleurs, on doit jeter le cadavre par-dessus bord. Lamartine a évoqué ce drame et la mémoire du fidèle Champeaux dans son Nouveau voyage en Orient, écrit dans le château de Monceau et paru en 1850.
Provenance :
Bibliothèque Hubert Heilbronn
Source :
Lamartine et son entourage selon Tocqueville, Alain Dessertenne, p. 20
Nous remercions Christian Croisille pour les renseignements qu’il nous a aimablement communiqués