MALIBRAN, Maria (1808-1836)

Lettre autographe signée « Maria » à Louis Viardot
[Bruxelles, 18 mars 1832], 1 p. 1/4 in-4°

« Il faut que je coupe court au sentiment »

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Fiche descriptive

MALIBRAN, Maria (1808-1836)

Lettre autographe signée « Maria » à Louis Viardot
[Bruxelles, 18 mars 1832], 1 p. 1/4 in-4°, sceau rompu avec la devise « Addio » dans un oval
Déchirures aux pliures, quelques décharges d’encre d’époque

Superbe et longue lettre écrite à deux mains par le célèbre couple, le compositeur Charles de Bériot et la cantatrice Maria Malibran, au sujet de leur prochaine représentation théâtrale en commun 


Charles de Bériot écrit sur la première page :

« Mon cher Louis,
Votre seconde lettre est venue fort à propos pour trancher les différents [sic], car moi qui aime a suivre vos avis je commençais déjà à user de mon influence sur Maria pour l’engager à accepter la première proposition. […]. Ce serait pour elle quelques jours de distraction dont elle a bien besoin si j’en juge d’après la lettre qu’elle nous a écrite. Je n’ose pas trop vous engager à une chose peut-être impossible, mais pourtant songez-y.

Maria Malibran poursuit sur la deuxième page :

quoi que je soie la plus grande paresseuse qu’il y ait sous la calotte du ciel, il n’y a pas eu moyen, la plus a été arrachée des mains de mon archet, et je vous écris en ce moment tout bonnement pour avoir le plaisir de causer un moment avec le martyr de nous tous – Vous ; autrement dit – Samedi prochain Mme Malibran et Mr de Bériot se feront entendre dans un Concert donné par aux au Grand Théâtre, on dit qu’il y aura beaucoup de monde. C’est une nouvelle qui court. Seconde nouvelle on dit que nous aurons la paix. 3me nouvelle, décidément je ferai venir mes meubles de Paris – 6eme nouvelle renouvellée des Grecs [traité de Constantinople qui met fin à la guerre d’indépendance grecque], on propose un engagement au [mot illisible] pour quelques représentations ici. Voilà tout ce qu’il y a de nouveau. Je voudrais bien voir… !! ce qui me console un peu c’est d’avoir un aussi bon ami que vous qui la voyez pour moi – J’ai dans la rue blanche une robe de mousseline des indes avec des raies d’or, un autre en crèpe blanc brodé en satin, et au Théâtre une robe noire en velours que j’ai porté à mon bénéfice – Si Virginie pouvait m’envoyer de suite ces trois objets pour que je puisse les reçevoir Samedi dans la journée, je mettrais une des deux robes… Voulez vous lui dire celà ? – Encore une commission ! ah ! Mon dieu ! la poste va partir. il faut que je coupe court au sentiment qui allait suivre ma recommandation – Je vous embrasse Virginie et vous par ricochet. Maria. »

[Souscription]
Monsieur
Monsieur Louis Viardot
rue grange-batelière Nr19
Paris


Mariée Malibran, mais séparée de lui, Maria Garcia (née en 1808) rencontre le célèbre violoniste et compositeur belge Charles de Bériot en 1829 au château de Chimay. Elle devient sa maîtresse pendant six ans et l’épouse en 1836 après l’annulation de son mariage avec Eugène Malibran. Mais entre-temps ils vivent ensemble, elle lui donne un fils Charles-Wilfrid né le 12 février 1833.
On les voit s’installer, dans cette lettre, à Bruxelles en 1832. Est-ce déjà dans le manoir « Le Tulipant » du 18ème siècle (sur la future place Fernand Cocq à Ixelles) que Bériot démolit en 1833 pour faire place au pavillon « Malibran » construit par Vanderstraeten ?
Maria décède à 28 ans en 1836 au sommet de sa gloire (on lui érige un vaste tombeau à Laeken, à Bruxelles). Sa mort prématurée met fin à cette union romantique par excellence. Bériot vend le manoir en 1849 à la commune d’Ixelles qui en fait son Hôtel communal après quelques transformations.
Louis Viardot, le destinataire de cette missive, est une figure bien connue de l’époque romantique, notamment comme traducteur. Il épouse après la mort de Maria sa sœur Pauline Garcia.

Provenance :
Collection M. Galy