MASSENET, Jules (1842-1912)

Correspondance de dix lettres à son épouse Constance de Gressy
[Paris, année 1906], 29 pages in-8

« Excellentissime répétition d’Ariane et de Thérèse ! Je suis absolument satisfait ; très sérieusement content ; j’ai hâte de faire entendre !!! C’est beau ! »

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Fiche descriptive

MASSENET, Jules (1842-1912)

Correspondance de dix lettres autographes, la plupart à son chiffre « M », certaines signées, d’autres autographes ou ornées d’une arabesque en guise de signature, à son épouse Constance de Gressy
[Paris, année 1906], 29 pages in-8
Un petit trou sur l’une des lettres sans atteinte au texte, une lettre incomplète

Ensemble de lettres touchantes et affectueuses de Jules Massenent dans le cadre de sa correspondance avec son épouse, Constance de Gressy (1848-1938), dite Ninon. Les premières lettres sont rédigées en août 1906, lors d’un séjour à Saint-Aubin-sur-Mer puis à Dinard, où le compositeur se rend quelques semaines pour recouvrer sa santé. Madame Massenet se trouve alors au château d’Egreville, en Seine-et-Marne. Les autres lettres sont adressées les mois suivants, durant les répétitions de l’opéra Ariane et la finalisation de l’opéra Thérèse


1 – Lettre autographe non signée, incomplète [feuillets numérotés 3 et 4], à son épouse, s.l.s.d.,
[Saint-Aubin-sur-Mer ; 1906, d’après une inscription manuscrite en haut à gauche du 1er feuillet], 2 p. in-8

« Je n’ai rien fait ici – […] Je remarque – au contraire de l’opinion – que l’air vif de la brise de mer montante me calme et me fait dormir ; si – le soir – la mer descend je suis moins bien ; cela me rappelle le vent d’Egreville qui me plaît – et aussi la chaleur sans brise qui m’abât. […] Le matin je bois un quart de verre de Célestins chauffé tiède au bain marie – puis une tasse de bon bouillon avec un jaune d’œuf délayé dedans – C’est la femme de chambre qui m’apporte cela  dans mon lit – et je me lève alors – et j’ouvre la fenêtre sur la mer dont les odeurs d’iode m’arrivent aussitôt. Je t’embrasse tant bonne chérie !… »

***

2 – Lettre autographe ornée d’une petite arabesque pour signature
Saint-Aubin-sur-Mer, « Jeudi 9 août, matin » [1906], 2 p. in-8

« Pourvu qu’il ne fasse pas le soleil d’ici à Egreville – mais pourvu qu’il y ait là-bas aussi le vent frais qui entre dans ma chambre – cette nuit, il m’a fallu mettre les 2 châles et mon gros paletot sur le lit ! […] Gunsbourg [Raoul Gunsbourg (1860-1955), directeur de l’opéra de Montecarlo] me poursuit de dépêches que j’ai l’air de ne pas recevoir… – il s’agit du concours !!! et c’est avec effroi que je me verrais impliqué dans le gâchis… – [Camille] Saint-Saëns n’est pas trouvable non plus… et l’on voudrait tout me mettre sur le dos ! – Voilà pourquoi je désire me dérober et pourquoi il faut éviter que de ce côté l’on puisse m’écrire directement – alors je serais pris et obligé de répondre. […] – pas loin de la maison car je dispose d’un jeu de de pardessus selon la fraîcheur ou le vent !!
Je pense à toi : il est 7h – tu déjeunes… – tu as ouvert la fenêtre, il y a grand soleil… ah !!! – mais je m’étonne des gouttes de pluie là-bas – ici il n’y a pas eu d’averses… – […]
J’embrasse tendrement le bon front.
[En post-scriptum]
« Parti mardi.
Perséphone [alias Lucy Arbell, qui interpétera le rôle de Perséphone dans l’opéra Ariane qui sera créé à l’automne 1906] revient demain – Elle est allée à Lisieux avec son frère Richard !
[…]
Comme j’ai de la joie quand le facteur me donne la lettre chérie. »

***

3 – Lettre autographe signée (paraphe) à son épouse,
s.l. [Saint-Aubin-sur-Mer], « Mardi matin » [août 1906], 2 p. in-8

« […] Ma lettre au sujet de « la présentation à Egreville » t’aura expliqué ceci : c’est que j’aurai une excellente raison pour revenir et pour éviter, au besoin, de rester davantage – [c’est « une urgence » que j’aurai à ma disposition.] – J’avoue que ce séjour est très sain. J’avoue que je suis traité admirablement – mais voici le dixième jour (presque neuf jours passés) que je suis ici. […]
Ce que je n’ai pas besoin de te dire, c’est que tu es la « Minousie » au-dessus de toutes les Egrevilloises !! – Je t’embrasse tant. »

***

4 -Lettre autographe ornée d’une petite arabesque pour signature,
s.l. [Saint-Aubin-sur-Mer], « Dimanche 26 août 1906 », 4 p. in-8

« Ma bonne amie,
Jusqu’à ce jour j’ai été assez bien sans pourtant me sentir absolument guéri.
[…] J’ai vu la famille Clarétie hier et j’ai chanté des fragments de « Thérèse » [opéra dont Jules Massenet composait à cette époque la musique, sur un livret de Jules Clarétie].
Notre interprète [il s’agit certainement de Lucy Arbell] a toujours la voix excellente et elle semble n’avoir rien oublié des études d’Ariane ; mais pour « Thérèse », rien n’étant en train à cause des évènements de l’été… je vais essayer de risquer quelques leçons sur le rôle. […]
J’irai bientôt chez Henzel.
Je t’embrasse fort ! »

***

5 – Lettre autographe ornée d’une grande arabesque pour signature
Dinard, « Vendredi », mention manuscrite au crayon en haut à droite du premier feuillet qui indique la date du 31 août 1906, 4 p. in-8

« J’ai été un peu patraque à cause de la chaleur qu’il fait ici… depuis trois jours !…
Pour le bord de la mer, c’est une rareté… mais c’est à faire tomber sur le sol !! […]
Aussi ? après les « fraîcheurs normandes » de St Aubin, les tropicales journées de Dinard m’avaient fort éprouvées ; je suis resté couché… mais c’est fini !! […] – S’il fait chaud, ce sera dur… mais je serai si heureux de te retrouver !!!…
[En post-scriptum] :
« Pour toi : Je suis chargé de tant d’amitiés de St Aubin et de Dinard… que j’en succombe sous le poids !…
Je regarde avec une douce joie… la porte de la remise… 4 heures ! l’arrosage ! toi, là !…
Ta carte postale [le château et la grange des dîmes] est très jolie mais… où est le château ?… Les photographes sont idiots ! »

***

6 – Lettre autographe ornée d’une grande arabesque pour signature
Paris, « dimanche » [1906], 3 p. in-8

« Très laborieuse répétition d’Ariane hier soir. On a terminé à minuit 10.
Il y a de bonnes choses et les musiciens ont été  encore très chaleureux.
Demain à 2h importante séance – 4e acte – puis, à 4h, séance avec Ariane.
Enfin… après : étude 1er violon solo et Perséphone au ménestrel.
Mardi soir grand ensemble…
Je t’embrasse fort.
[…] »

***

7 – Lettre autographe signée (paraphe) à son épouse
Paris, « vendredi 28 septembre » [1906], 4 p. in-8

« Belle soirée hier…
4ème acte : ovation de tout l’orchestre et des chœurs à notre « Perséphone » [personnage interprété par la mezzo-soprano Lucy Arbell] que le personnel entier entendait pour la 2ème fois.
J’en étais bien sûr !
Gailhard [Pedro Gailhard (1848-1918), directeur de l’Opéra de Paris jusqu’en 1907], Mendès… [Catulle Mendès (1841-1909), librettiste de l’opéra « Ariane »] dans le ravissement ; ce n’était que bravos et embrassades reconnaissantes ; de loin, dans la salle je voyais cela et j’étais bien content.
L’orchestre a applaudi après chaque acte le « Vivat Minor »… et tout marche trop… trop… splendidement.
… J’en ai peur !…
Nous commençons avec Gunsbourg [Raoul Gunsbourg (1860-1955), directeur de l’opéra de Montecarlo] et les artistes les études de Thérèse [opéra de Jules Massenet, créé pour l’Opéra de Montecarlo le 7 février 1907] ; lundi matin à la maison.
[…]
Je t’embrasse fort.
En post-scriptum : « Ton cabinet de toilette est clair et gai ; joli papier. La terrasse a des lierres, des plantes superbes !
Ta chère lettre (avec citation Victor Hugo !) m’a été une joie en rentrant de l’opéra. »

***

8 – Lettre autographe signée (paraphe) à son épouse ,
Au verso d’un avis de répétition pour Ariane à l’en-tête du Théâtre National de l’Opéra, l.
[Paris], « Mardi 25 [septembre 1906] »,  2 p. in-8

« Bonne amie, tu vois par ce bulletin le travail de ce soir.
Hier – Excellente répétition du 4e acte. [Catulle] Mendès a trouvé aussi d’excellentes choses.
Ton cabinet de toilette est terminé ; il est très joli maintenant !!!
Je t’embrasse fort. »

***

9 – Lettre autographe ornée d’une petite arabesque pour signature
s.l. [Paris], « Jeudi » [1906], 3 p. in-8

« Ce soir répétition d’orchestre ; la 1ère complète [orchestre seul].
On a travaillé l’acte du bateau : un enchantement promis… lorsque tout sera terminé comme peinture ; il n’y a que la carcasse.
Puis, on a remis en scène le 1e, 3e et 5e.
Samedi nous répétons encore l’orchestre seul.
Ta lettre m’a fait penser à tes contrariétés d’avoir des bourrasques sans pluie !! ou si peu !…

J’ai si hâte que tu aies fini avec les mollusques de là-bas ; que tu reviennes à Paris… et, qu’enfin, tu puisses songer à un repos n’importe où !…
[…]
Je t’embrasse fort !!!
[En post-scriptum] : « Pauvre amie, que de préoccupations pour toi !… propriétaire !!! » ;
« Compte-rendu de St Aubin : Excellentissime répétition d’Ariane et de Thérèse ! Je suis absolument satisfait ; très sérieusement content ; j’ai hâte de faire entendre !!! C’est beau ! »

***

10 – Lettre autographe signée (paraphe) à son épouse
s.l. [Paris], « Samedi » [1906], 4 p. in-8

« Je viens de chez Veech : séance peu agréable…
Enfin il me soigne avec l’espoir d’éviter l’extraction… et la suite.
Ce soir : seconde étude de l’orchestre.
Mardi : 2ème répétition (orchestre, artistes et chœurs).
Tout le monde assis.
A la même heure : Werther [opéra créé par Jules Massenet en 1892] à l’Opéra-comique.
Cette représentation remise a été un ennui aussi pour le théâtre : argent considérable rendu !
Après-demain lundi : répétition à l’opéra de 2 h à 4h (quatrième acte seulement).
La direction a télégraphié à Mlle Wallace afin qu’elle soit à Paris lundi ; à l’opéra on a sa réponse affirmative ; tant mieux.
S.A.I. est de retour… d’après les journaux.
[…]
On joue « Manon » la semaine prochaine.
Henzel rentre le 30.
Ninon [surnom donné à l’épouse de Jules Massenet] aime bien [illisible].
En post-scriptum : « Merci tard pour ta nouvelle lettre ! Ah ! ces lambris !!! »


Ariane est un opéra en cinq actes de Jules Massenet sur un livret en français de Catulle Mendès. Cette pièce est jouée au Palais Garnier le 31 octobre 1906 avec Lucienne Bréval dans le rôle-titre.

Thérèse est un drame musical en deux actes de Jules Massenet sur un livret de Jules Claretie, jouée le 7 février 1907 à l’Opéra de Monte-Carlo, puis repris au Théâtre du Casino de Vichy le 4 juillet 1907.

Manon est un opéra-comique en cinq actes de Jules Massenet sur un livret d’Henri Meilhac et Philippe Gille, d’après le roman de l’abbé Prévost L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut,  ou plus simplement Manon Lescault (1731). Il est joué à l’Opéra-Comique de Paris le 19 janvier 1884.