MESRINE, Jacques (1936-1979)

Lettre autographe signée « Ton viejo bandido » à sa maîtresse Jeanne Schneider
[Prison de la Santé], 1er octobre 1976, 2 pp. in-4°

« On ne pourra pas me faire fermer ma gueule. J’ai la rancune tenace… »

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Fiche descriptive

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Lettre autographe signée « Ton viejo bandido » à sa maîtresse Jeanne Schneider
[Prison de la Santé], 1er octobre 1976, 2 pp. in-4°
Petit cachet de l’administration pénitentiaire sur la première page

En pleine rédaction de son autobiographie L’instinct de mort, Mesrine adresse une lettre à sa maîtresse tout en révélant son caractère rancunier envers l’administration pénitentiaire


[Mesrine commence sa lettre sur leurs recommandations mutuelles de lecture et développe ensuite sur l’un de ses ancien codétenus]

Salut à toi gamine de mon cœur […] sais-tu que Henri le Lyonnais auteur du livre “ancien détenu cherche emploi” était avec moi au dépôt le jour de ma première arrestation en mars 73 […] rien de bien spécial sinon que j’ai la forme du siècle… il le faut pour terminer mes “petits vingt ans” autrement que dans un fauteuil roulant. Bien qu’à ce sujet j’espère leur “imposer” ma réforme avant 1996… Bien que pour 1977 j’aurai déjà du sport et je ne voudrais pas manquer cela. Surtout mon procès pour l’évasion… j’en réserve de belles au sujet de l’administration des prisons. Je vais prendre mon pied au sujet de ces fameuses réformes et des quartiers d’isolement. Là on ne pourra pas me faire fermer ma gueule. J’ai la rancune tenace… on s’en rendra compte. Eh oui ma puce… je ne changerai jamais. Toujours en révolte ! Enfin qui vivra verra ! Tu te souviens de l’article que j’avais fait publier dans Libé… un vrai rêve prémonitoire !!
Je termine et vais me mettre un peu à mon bouquin [Mesrine était en train de rédiger son autobiographie L’instinct de mort] J’en suis à notre évasion…
Mes lèvres se posent sur les tiennes… Bonne nuit petite fille et n’oublie pas… que pour changer !! “je t’adore”
Ton viejo Bandido »


Jacques Mesrine rencontre Jeanne Schneider en 1968. Elle est une call-girl, dont les souteneurs ont été abattus par Mesrine, selon ses dires. Après plusieurs larcins commis en Europe, ils fuient au Québec et poursuivent leurs activités criminelles. Ils passent plusieurs années en prison, et ce malgré l’acquittement du couple suite au meurtre d’Évelyne Le Bouthilier (patronne d’un motel à Percé où le couple Mesrine-Schneider avait résidé le soir de l’assassinat).
Rentrée en France pour purger sa peine à Fleury-Mérogis au début de 1973, Jeanne apprend que Mesrine vient d’être arrêté à Boulogne-Billancourt et condamné à 20 ans de prison. Les deux amants entretiennent dès lors une correspondance amoureuse. Fatiguée de cette vie de gangster, Jeanne Schneider fini par se ranger et rompre alors que lui est toujours en prison. Mesrine ne s’arrête pas, condamne avec acharnement ses conditions de détentions et s’évade. Il tombe sous les balles de la BRI après 16 mois de cavale, le 2 novembre 1979, à l’âge de 42 ans.

Provenance :
Succession Jeanne Schneider