MIRABEAU, Honoré-Gabriel Riqueti de (1749-1791)

Lettre autographe signée « Mirabeau fils » à son avocat, M. Raspaud
Mirabeau (Vaucluse), le 25 mars 1774, 2 pages in-8, cachet de cire

« Ce coquin là m’avoit présenté un compte de cent pistoles »

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Fiche descriptive

MIRABEAU, Honoré-Gabriel Riqueti de (1749-1791)

Lettre autographe signée « Mirabeau fils » à son avocat, M. Raspaud
Mirabeau (Vaucluse), le 25 mars 1774, 2 pages in-8, cachet de cire
Corrosion ayant entrainé de petites pertes de papier due à l’acidité de l’encre

Rare lettre de jeunesse du futur Orateur du Peuple, en détresse financière et tentant vainement de régler ses comptes avec ses créanciers


« Ce n’est pas ma faut mon cher ami si la bourique a été ramenée si tard. Elle a été Il fallait une occasion ou donner 6 livres un homme pour aller à Aix.
Je ne sçais ce que Thabot vous a demandé, mais j’ai moi tout plein de chose à vous dire dont je n’ai pas le tems aujourd’hui à cause du départ de tous les La Duvanne possibles qui m’ont assailli depuis huit jours.
On n’inquiètera pas la cuisinière, que je n’ai pas connoître jusqu’à aujourd’hui, Pelissièere étant resté, vous sçavez combien je suis bien reconnoissant de vos peines.
Observez deux choses je vous en prie, la première est que de rabattre 18 livres sur le compte que vous présentera le St Guillot, parce que sur 10e journée je n’avois observé ni fêtes ni Dimanches, qui montent à 18. Ce coquin là m’avoit présenté un compte de cent pistoles, qui, à l’examen, a été réduit à cente et quelques livres. Pour l’usage de ses outils ile me demandoit 4,6 francs de telle chose dont il ne donnoit aux ouvriers que 26 livres, 1444 pour 72 et ainsi du reste. Je l’ai passé à 10 livres par tête d’ouvrier par jour je crois que cela est honnête ; mais jugez comme j’ai été volé.
2° le Sr Massié vous présentera un compte que je vous prie de ne point arrêter sans m’en prévenir, je vous donnerai le mot de l’énigme.
Je sçais mon cher ami, à n’en pouvoir douter que le curé fait (…) également honnête de vendre le gibier à Perthuis (on m’a offert de me faire parler à la personne) et de rendre compte à mon père de tout ce qui se passe ici.
Je vous renvoie le bidon de l’anesse.
Ce gueux de Raoust doit être archi payé (…) sans le montrer à Can qui est son pire ennemi.
Je ne sçais s’il a de l’aubusson à moi.
Adieu, mon cher Raspaud, je ne comprends pas le scrupule que vous vous faites pour le gibier, et j’en serois piqué, si je pouvois l’être contre vous. % Mirabeau fils.
A Mirabeau ce 25 mars 1774 »


Au lendemain de son mariage (1772) Mirabeau, endetté, se retire dans le domaine familial avec sa femme. Il n’empêche qu’il y vit en seigneur prodigue. Son père le fait surveiller et ses indicateurs (le curé) l’accusent de dilapider l’héritage, de vendre les bois, les meubles voire l’or des rideaux. En mars 1774, les dettes de Mirabeau s’élèvent au montant astronomique de 200.000 livres. Son père, intransigeant, obtient alors une lettre de cachet qui le chasse de la maison familiale et le relègue à Manosque avec interdiction d’en sortir.
Le 25 mars, il est sur le point de quitter le château de Mirabeau et tente, par l’intermédiaire de son avocat, de régler ses comptes avec ses créanciers. Les noms cités dans cette lettre font allusion à ces derniers. La vengeance de son père ne s’arrête pas. En septembre, il obtient une nouvelle lettre de cachet. Arrêté à Manosque par la maréchaussée, Mirabeau est enfermé au château d’If le 20 septembre 1774.