MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Lettre autographe signée « Eugénie » à Marie-Thérèse Bartholoni
Farnborough Hill, Hants, 4 novembre 1908, 4 p. in-8°

« Le 15 novembre n’est plus depuis longtemps une fête pour moi et les rangs de ceux qui me la fêtaient autrefois s’éclaircissent chaque jour, car la mort fauche tout autour de nous »

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Fiche descriptive

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Lettre autographe signée « Eugénie » à Marie-Thérèse Bartholoni
Farnborough Hill, Hants, 4 novembre 1908, 4 p. in-8°, à l’encre noire sur liseré de deuil
En-tête à son chiffre orné d’une couronne

L’impératrice exilée s’émeut de voir disparaître peu à peu les anciens fidèles de l’Empire


« Chère Madame Bartholoni,
Je vous remercie, ainsi que vos enfants, de vos vœux anticipés pour le 15 novembre.
Je suis désolée d’apprendre que Kiki ne va pas bien ou, pour mieux dire, que tout en étant un peu plus forte, elle ne se lève que quelques heures par jour. A son âge, c’est bien triste d’être toujours malade. Je n’ai pas de photographie de moi-même, mais je vais m’en procurer et je m’empresserai de vous l’envoyer pour votre petit fils, comme vous me la demandez.
Le 15 novembre [la Saint Eugénie] n’est plus depuis longtemps une fête pour moi et les rangs de ceux qui me la fêtaient autrefois s’éclaircissent chaque jour, car la mort fauche tout autour de nous. Nos meilleurs amis disparaissent et, à mon, âge, on ne fait pas de nouvelles connaissances.
Nous avons eu un temps splendide mais l’hiver va commencer ; les brouillards et le froid ne peuvent tarder, hélas !
J’ai eu une lettre de Mme Gastaldi me faisant part du mariage de sa fille avec son beau-frère, dernier vœu de la pauvre morte.
Mes souvenirs à tous les vôtres et croyez à mes sentiments affectueux.
Eugénie »


Filleule de Chateaubriand et dame d’honneur aux Tuileries de la princesse Julie Bonaparte, Madame Bartholoni (1833-1910) fut, par sa beauté, particulièrement remarquée à la Cour du Second Empire. Née Marie-Thérèse Frisell, elle fut l’épouse d’Anatole Bartholoni (1822-1902), député au Corps législatif de 1860 à 1869.
Madame Bartholoni tint un brillant salon, qui inspira Marcel Proust. L’écrivain le fréquenta activement au cours des années 1897-1899, et fut également l’hôte du château de Coudrée, que les Bartholoni possédaient sur les bords du Lac Léman, entre Thonon-les-Bains et Genève. La conversation spirituelle de l’ancienne « belle de l’Empire » paraît l’avoir fortement inspiré.
Marcel Proust courtisa, un temps, une des trois filles de Madame Bartholoni, Louise dite « Kiki » (1857-1933), filleule de l’impératrice Eugénie.

Lettre inédite