MOULIN, Jean (1899-1943)

Carte postale autographe signée « Jean » à sa famille
Megève, 6 février [1940], 1 p. in-12°

« Ces deux jours passés au bon air m’ont fait le plus grand bien et je me sens maintenant en pleine forme physique »

EUR 3.900,-
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Fiche descriptive

MOULIN, Jean (1899-1943)

Carte postale autographe signée « Jean » à sa mère « Madame A[ntoine] E[mile] Moulin», née Blanche Élisabeth Pègue, et sa sœur Laure Moulin
Megève, 6 février [1940], 1 p. in-12° (au verso d’une carte postale figurant la chapelle du Max enneigée, à Megève)
Enveloppe autographe jointe, timbrée et oblitérée (petites déchirures réparées au ruban adhésif)
Infime défaut au coin supérieure gauche du tirage de la carte postale

Très rare carte de Jean Moulin à sa famille, envoyée depuis Megève, quelques semaines seulement avant l’invasion allemande


« Chère maman, chère Laure,
Me voici depuis 48 heures à Megève, où, après une période de mauvais temps qui a duré 8 jours, j’ai eu de la chance de trouver du soleil.
La plupart des hôtels sont ouverts et il y a pas mal de monde. Il est vrai qu’il y a un centre de ski pour les aviateurs et énormément de permissionnaires.
Ces deux jours passés au bon air m’ont fait le plus grand bien et je me sens maintenant en pleine forme physique.
Je compte rester toute la semaine et si tout va bien être à Montpellier lundi soir.
Bon baiser à toutes deux.
Jean »


Nommé un an plus tôt préfet d’Eure-et-Loir, Jean Moulin avait entre-temps demandé à être dégagé de ses fonctions depuis la déclaration de guerre du 1er septembre 1939. Ainsi qu’il l’écrivait : « ma place n’est point à l’arrière, à la tête d’un département essentiellement rural » (Jean Moulin : mémoires d’un homme sans voix, éd. F. Zamponi, N. Bouveret et D. Allary, Éditions du Chêne, p. 72). Il se porte candidat à l’école des mitrailleurs, allant à l’encontre de la décision du ministère de l’Intérieur. Il est toutefois déclaré inapte pour un problème de vue, au lendemain de sa visite médicale d’incorporation, le 10 décembre 1939. Moulin exige une contre-visite à Tours où il est cette fois déclaré apte. Le ministère de l’Intérieur oblige néanmoins la future icône de la Résistance à reprendre immédiatement son poste de préfet, d’où il s’emploie, dans des conditions difficiles, à assurer la sécurité de la population.
On connaît une lettre envoyée à sa famille du 25 janvier où Moulin annonce prendre quelques jours de congés après avoir contracté une vilaine grippe : « J’ai demandé quelques jours de congés pour aller me reposer en Haute-Savoie. Les congés viennent en effet d’être rétablis pour ceux qui n’ont pu avoir leurs congés réguliers en 1939 […] Si tout va bien, je compte partir à la fin de la semaine prochaine pour Megève […] Je vous donnerai mon adresse avant de partir, mais je crois bien que je descendrai dans une pension qui s’appelle “Sunny home”. »

On joint :

Le légendaire portrait du résistant par son ami Marcel Bernard, réalisé au cours de l’hiver 1939, à Montpellier, en contrebas du château du Peyrou

Épreuve argentique – tirage postérieur sur papier Agfa Portriga Rapid (17×11 cm)
Très fine marge blanche sur les quatre tranches
Parfait état.
« Il profite de ces quelques jours dans l’Hérault pour faire venir de Béziers son cher ami d’enfance, Marcel Bernard. Celui – ci, qui n’a pas oublié sa caméra, fait de lui, dans le jardin du Peyrou, ce beau portrait où Jean, debout contre une arche de l’aqueduc, porte un feutre mou et un cache – nez, et qui est l’image même du Résistant. »
(Jean Moulin, éd. Laure Moulin, Presse de la Cité, Paris, 1969, p. 217.)