PISSARRO, Camille (1830-1903)

Lettre autographe signée « C. Pissarro » à Théo Van Rysselberghe
[Bruges, Hôtel du] Singe d’Or, 3 juillet [18]94, 2 p. in-8°

« Je viens de parcourir les environs pour me faire la main et l’œil »

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Fiche descriptive

PISSARRO, Camille (1830-1903)

Lettre autographe signée « C. Pissarro » à Théo Van Rysselberghe
[Bruges, Hôtel du] Singe d’Or, 3 juillet [18]94, 2 p. in-8° sur papier quadrillé

Belle lettre de Pissarro à son ami Van Rysselberghe, aux premières heures de son exil en Belgique – Le maître en profite pour faire quelques repérages des alentours avant de se mettre au travail


« Mon cher Théo
Deux mots pour vous demander des nouvelles de votre santé et celle de Madame Van Rysselberghe. J’espère que l’effet des terribles méduses n’aura pas de suite ; ma femme est
partie ce matin avec [notre fils] Félix.
J’avais presque envie de ne pas le laisser accompagner ma femme tellement il est fatigué des suites du bain, j’espère que cela se passera vite, c’est l’estomac qui est affecté.
Cela vous a-t-il fait le même effet.
Je viens de parcourir les environs pour me faire la main et l’œil, j’ai trouvé des choses charmantes, aussitôt que Félix sera ici nous allons nous mettre sérieusement à l’œuvre.
J’ai encore dans l’oreille le bruit des vagues et la couleur de la mer dans l’œil vous avez dû avoir de beaux effets hier soir.
Nous sommes arrivés juste au moment où une trombe s’est abattue sur Bruges, vous avez dû en jouir dans votre vigie.
Ma femme m’a bien recommandé de vous écrire combien elle avait été sensible de toute l’attention que vous avez pour nous et m’a prié de vous souhaiter le bonjour, moi et Félix bien entendu nous y joignons en cœur.
Poignée de main mon cher ami, et nouvelles sans tarder n’est-ce pas ?
De cœur
C. Pissarro »


Ses sympathies pour les idées anarchistes et libertaires obligèrent Pissarro à se réfugier en Belgique, suite à l’assassinat du président Sadi Carnot une semaine auparavant, le 25 juin. Il était alors recherché par la police comme d’autres anarchistes non-violents.
Théo Van Rysselberghe, l’une des figures de proue du divisionnisme, était lui aussi acquis aux mêmes idées. Pissarro trouva en lui un point d’appui lors de son exil belge, renforçant ainsi leur amitié. Il sera rejoint par Van Rysselberghe à Bruges quelques jours plus tard, comme en témoignera Pissarro dans une lettre à sa femme le 6 juillet suivant.

Pissarro mentionne Félix, son troisième fils, peintre comme lui, qui l’accompagnait régulièrement sur ses lieux de travail. Il mourra prématurément à Londres, trois ans plus tard, à l’âge de 23 ans.