PROUST, Marcel (1871-1922)

Lettre autographe signée « Marcel Proust » à Marie Scheikévitch
[Paris], 16 avril 1918, 1 p. in-8°

« Je m’arrangerai pour vous voir très prochainement car j’en ai un grand désir »

VENDU
Ajouter à la sélection
Fiche descriptive

PROUST, Marcel (1871-1922)

Lettre autographe signée « Marcel Proust » à Marie Scheikévitch
[Paris], 16 avril 1918, 1 p. in-8°
Avec enveloppe autographe timbrée et oblitérée
Petites marques de trombone, ancienne trace de montage sur onglet

Affectueuse lettre de Marcel Proust à Marie Scheikévitch dans laquelle l’écrivain doit, à regret, reporter le rendez-vous pris avec elle


« Madame,
Je ne pourrai pas venir jeudi et je le regrette beaucoup. Mais je m’arrangerai pour vous voir très prochainement car j’en ai un grand désir. Je ne vous écris que ces deux lignes parce que je souffre beaucoup des yeux.
Votre bien respectueux ami
Marcel Proust »


L’abus du travail nocturne, joint à la brûlure de constantes fumigations, avait fatigué la vue et abîmé les yeux de Marcel Proust, qui cependant, comme s’il eût su que le temps lui était compté, se refusait à tout repos.

Une intime de Proust ayant joué de ses relations pour la parution du premier volume de La Recherche :

Marie Scheikévitch (1882-1964) est la fille d’un riche magistrat russe et collectionneur d’art installé en France en 1896. George D. Painter la dépeint comme « une des maîtresses de maison les plus intelligentes et les plus en vue de la nouvelle génération ». Protectrice d’artistes et d’écrivains, elle fréquente les salons puis fonde le sien. Elle est l’amie de Jean Cocteau, Anna de Noailles, Reynaldo Hahn, de la famille Arman de Caillavet, et bien d’autres encore.
Un sentiment d’une qualité toute singulière unissait Marcel Proust à Marie Scheikévitch. Bien qu’ils se soient croisés brièvement en 1905 dans le salon de Mme Lemaire, c’est en 1912 qu’ils font réellement connaissance. Il s’en suivit une correspondance qui dura jusqu’à la mort de l’écrivain en 1922. Se voyant « presque tous les jours » comme elle le dira plus tard (les amis s’écrivant d’autant moins qu’ils se voient davantage), on ne connaît que 28 lettres de Proust à elle adressées.
Elle lui ouvre les portes de son salon, fréquenté par tout ce que Paris comptait d’illustres personnalités dans les lettres et les arts, si bien qu’il lui rendra hommage dans Sodome et Gomorrhe sous le voile de Mme Timoléon d’Amoncourt, « petite femme charmante, d’un esprit, comme sa beauté, si ravissant, qu’un seul des deux eût réussi à plaire ».
Fervente admiratrice de l’écrivain, elle se dépense beaucoup au moment de la publication du premier volume de La Recherche, s’ingéniant à mettre Proust en relation avec les personnalités parisiennes qu’elle juge les plus capables de l’aider. C’est elle qui le recommande à son amant Adrien Hébrard, l’influent directeur du journal Le Temps, pour lui obtenir la fameuse interview du 12 novembre 1913 par Élie-Joseph Bois, à la veille de la publication de Swann. C’est le premier article d’envergure publié dans la grande presse et consacré à La Recherche. Pour l’en remercier, Proust lui adressera une dédicace capitale (récemment acquis par la BnF) lors de la publication de Swann.

Bibliographie :
Lettres à Madame Scheikévitch (1928), p. 101
Correspondance, Kolb, t. XVII, n°72
Marcel Proust II – Biographie, Jean-Yves Tadié, Folio, pp. 391-392