ROLLAND, Romain (1866-1944)

Manuscrit autographe signé « Romain Rolland »
S.l, avril 1928, 1 p. in-4°

« Trop d’abus anciens et nouveaux ont intérêt à entraver le réveil de l’Âme, et lui barre la route, avec des pseudo-vérités, mortes et meurtrières »

EUR 1.200,-
Ajouter à la sélection
Fiche descriptive

ROLLAND, Romain (1866-1944)

Manuscrit autographe signé « Romain Rolland »
S.l, avril 1928, 1 p. in-4°
Petite déchirure marginale et fente au pli discrètement réparées

Texte prophétique de l’écrivain plaidant pour l’Éducation nouvelle, devenue le socle du système éducatif d’aujourd’hui


« La question de l’Éducation nouvelle est la plus grave du temps présent. Elle n’est et ne doit être rien moins qu’une Réforme de la vie profonde, analogue à celle du XVIe siècle. Une puissante hérésie qui renouvelle les forces vitales de l’humanité. Les civilisations, d’Europe et d’Amérique étouffent sous la gaine d’idées pétrifiées, de préjugés mortels. L’Esprit est astreint, dès l’enfance, à un automatisme absurde, aux mains des gardiens d’abus. Il a un besoin urgent d’air libre et de soleil, de confiance en soi, de raison virile et sereine qui use harmonieusement de sa saine liberté. Il ne pourra les conquérir sans luttes. Trop d’abus anciens et nouveaux ont intérêt à entraver le réveil de l’Âme, et lui barre la route, avec des pseudo-vérités, mortes et meurtrières. Mais c’est à tous les hommes, à toutes les femmes, de raison et de cœur sains, honnêtes et robustes, d’oser faire leur choix entre ses libérateurs et ses oppresseurs masqués.
Romain Rolland »


Émergeant à la fin du XXe siècle, l’Éducation nouvelle devient un mouvement pédagogique international dans les années 1920. Rolland, déçu de la méthode dite traditionnelle, ne se détourne pas pour autant de la chose pédagogique. Lui-même enseignant à la Sorbonne, il s’intéresse aux nouvelles pratiques de son époque et montre un grand intérêt pour les expériences progressistes des pédagogies nouvelles. C’est durant son séjour en Suisse, pendant la première guerre mondiale, qu’il fait la connaissance du pédagogue helvète Adolphe Ferrière (1879-1960), figure majeure du mouvement de l’Éducation nouvelle. Les adhérents à la cause plaident une réforme profonde de l’enseignement, reposant sur une connaissance scientifique de l’enfant. Ils prônent une éducation globale, accordant une importance égale aux différents domaines éducatifs : intellectuels et artistiques, mais également physiques, manuels et sociaux. Nombre de ces pratiques furent généralisées et forment aujourd’hui le socle du système éducatif tel que nous le connaissons.

Écrit en avril 1928, ce texte est d’abord paru dans le journal allemand Das werdende Zeitalter. Il est destiné à un article du pédagogue Karl Wilker. Celui-ci compte réunir les déclarations de personnalités marquantes sur la nécessité d’une éducation nouvelle. Le texte est publié l’année suivante sous forme d’un propos liminaire dans le numéro 50 de Pour l’Ère nouvelle (sept. 1929).

Provenance :
Sotheby’s, 17 nov. 1988, n°288
Collection « The Alphabet of Genius »

Bibliographie :
Das werdende Zeitalter, novembre 1928, p. 409
Pour l’Ère nouvelle,
septembre 1929, n°50