VERLAINE, Paul (1844-1896)

Carte postale autographe signée « Votre P. Verlaine » à Jules Rais
[Paris, 16, rue Saint-Victor], 15 mars 1895, 1 p. in-8°

« Je suis alité sans pouvoir bouger du lit »

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Fiche descriptive

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Carte postale autographe signée « Votre P. Verlaine » à Jules Rais
[Paris, 16, rue Saint-Victor], 15 mars 1895, 1 p. in-8°, à l’encre noire
Carte timbrée et oblitérée
Adresse autographe de la main de Verlaine au verso du document
Ancienne et discrète trace de trombone

Alité et souffrant, Verlaine donne des indications détaillées à son correspondant pour le rejoindre


« Mon cher ami, Avez-vous reçu mon mot à vous adressé à Nancy ? Quoi qu’il en soit, vous avez mon adresse. J’ai la vôtre et je m’en réjouis. – Mais ce qui m’a fort affligé c’est que vous soyez venu rue St Victor et que vous ne soyez pas entré – car la clef était sur la porte… Il faut frapper très fort, à cause d’une double porte. Quant à moi, je suis alité sans pouvoir bouger du lit (abcès sous le pied gauche, toujours ! coup de bistouri, pansement, etc.)
Retrouverez ici la chambre “touchante” de la rue des Fossés St Jacques [autre adresse de sa maîtresse Eugénie Krantz]et sa bonne et charmante locataire.
Quant au 21 rue Mr le Prince, fini : Kleptomanie ! Zut alors !
Venez-donc, j’y suis toujours !!! Frappez-fort et entrez… 16 rue St Victor.
Votre P. Verlaine »


Verlaine sort de l’hôpital Bichat le 21 janvier 1895. Après une ultime et violente querelle avec sa maîtresse Philomène Boudin, il écrit à Gabriel de Yturri, secrétaire et amant de Robert de Montesquiou, qui le logera au 21, rue Monsieur-le-Prince (adresse évoquée dans la lettre). Il dit cependant : « Quant au 21 rue Mr le Prince, fini : Kleptomanie ! Zut alors ! ». Verlaine est-il en train d’avouer qu’il a volé au domicile de Yturri ? Quoi qu’il en soit, le poète loge de nouveau chez son autre maîtresse Eugénie Krantz, dans une mansarde au 16, rue Saint-Victor, près de l’école Polytechnique. Eugénie l’y soigne, comme il le dit, d’un « abcès sous le pied gauche ». Les derniers mois d’existence du poète vireront au supplice. Cette lettre est écrite dans sa dernière année de vie. Il décède au tout début de 1896, le 8 janvier.

Le traducteur et écrivain Jules Rais (1872-1943) avec correspondu avec Verlaine dans le courant de l’année 1895 pour lui proposer de collaborer à la revue L’Image. Ces échanges épistolaires et les visites du jeune écrivain avaient sans doute adouci les derniers mois d’existence du Pauvre Lélian. Jules Rais meurt en déportation à Auschwitz en 1943.

Bibliographie :
Correspondance de Paul Verlaine – Ad. Van Bever, Messein, t. III p. 297-298