Prenez une longueur d’avance
Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir nos nouveautés et annonces importantes.
En vous abonnant, vous acceptez notre politique de confidentialité. Désabonnez-vous à tout moment.
Lettre autographe [à Jacques Pierre Brissot]
S.l.n.d. [28 juin 1789], 2 p. in-12° sur bifeuillet vergé
« Les amis des noirs sont dans une minorité, que la majorité cherche à humilier »
Lettre autographe [à Jacques Pierre Brissot de Warville]
S.l.n.d. [28 juin 1789], 2 p. in-12° sur bifeuillet vergé, à l’encre noire
Filigrane (tronqué) : Cornet à courroie double sur écu coiffé d’une couronne / pendentif petite fleur de lis renversée / “D & C BLAUW”
Une décharge d’encre sur la première page, témoignant d’un pliage de Condorcet alors que l’encre n’était pas encore sèche
Cinq caviardages et un insertion interlinéaire de sa main, très légères rousseurs
Belle lettre sur son combat contre l’esclavage aux premières heures de la Révolution
« On prend aisement l’habitude de gouverner et on a peine à le quitter »
« J’ai l’honneur d’env de vous envoier, Monsieur, un petit ouvrage que je viens de publier [Sur l’admission des députés des planteurs de Saint Domingue, dans l’Assemblée nationale]. Je le crois ce que j’y propose propre á concilier le droit et la paix. Je n’ai point ecrit a M. de Clermont-Tonnerre, par ma lettre etait faite mais j’ai appris diverses circonstances particulieres qui en rendaient l’envoi dangereux pour notre cause. Les amis des noirs sont dans une minorité, que la majorité cherche à humilier, l’a le president du comité rapport à qui on aurait renvoie la lettre est un colon, les planteurs effraient nos commercans en parlant de separation, et auraient effrayé les gens moderés en parlant de revolte á Saint Domingue. J’ai donc cru devoir attendre.
Quand aurons-nous donc enfin le plan de municipalité de Paris á examiner dans les districts, plus on tardera plus l’idée d’independance fera de progrès dans les districts. On prend aisement l’habitude de gouverner et on a peine à le quitter.
Agreez, je vous supplie les assurances de mon inviolable attachement.
Comme je vais à Versailles et que j’y reste quelques jours, je vous prie de vouloir bien vous charger de ces deux billets pour M. de Gramagnac, en le priant de passer chez M. Mazzei chargé d’affaires du Roi de Pologne afin |hotel des colonies rue des Prouvaires| afin de terminer avec lui. Il manque encore un nom mais comme le Roi connait M. l’abbé Piatoli qui demeure dans le même hotel que M. Mazzei, je crois qu’il faut preferer sa signature á une autre »
Condorcet et Brissot ont conjointement mené, sous la Révolution, une action déterminante contre l’esclavage au sein de la Société des Amis des Noirs. Le débat parlementaire se cristallise en juin 1789 sur la question de l’admission d’une députation de colons de Saint-Domingue au sein de l’Assemblée nationale constituante. En envoyant à Brissot « un petit ouvrage » de sa plume à ce sujet (Sur l’admission des députés des planteurs de Saint Domingue, dans l’Assemblée nationale), Condorcet lui explique toutefois avoir dû renoncer à envoyer au député Clermont-Tonnerre (qui préside alors l’Assemblée) un mémoire au nom de la Société des Amis des Noirs pour s’opposer à cette admission. La majorité de l’Assemblée y étant favorable, c’est à juste titre qu’il estime qu’une telle réclamation serait à contre-emploi.
Plus loin, il demande également à Brissot des nouvelles du « plan de municipalité » qui est alors en cours de discussion pour permettre à la municipalité « patriote », créée le 25 juin 1789 et dans laquelle siège Brissot, de ne pas rester l’otage des soixante districts parisiens qui affichent alors des velléités « d’indépendance » que Condorcet estime nuisibles.
Condorcet demande enfin à son correspondant de transmettre « deux billets » à M. de Gramagnac », secrétaire de la Société des Amis des Noir. Il recommande à ce dernier de se rendre chez le marchand florentin Filippo Mazzei (1730-1816), également fervent abolitionniste et membre de la Société des Amis des Noirs, pour y recueillir la « signature » de l’abbé Scipione Piattoli (1749-1809). L’adhésion à la Société des Amis des Noirs de cet ancien professeur de l’université de Modène est d’autant plus précieuse que Piattoli est « connu » du roi pour avoir été membre de la cour du roi de Pologne Stanislas-Auguste Poniatowski (dont Mazzei est alors l’agent à Paris).
Provenance :
Drouot, 2 avr. 2003, n°19
M.L.M. N°40234
Puis succession Bertrand Loevenbruck
Référencement :
Inventaire Condorcet (dir. Nicolas Rieucau), n°1661